Boris Johnson veut devenir le Franklin D. Roosevelt des temps modernes, promettant un nouveau « New Deal » pour relancer l’économie britannique au milieu de la récession économique causée par le COVID-191. Pourtant, il fait face à une réaction féroce de son parti et du public.

Selon les chiffres du gouvernement, le plan national d’infrastructure de M. Johnson devrait inclure de vastes investissements dans les infrastructures à travers le pays. Le programme vise à investir environ 5 milliards de livres sterling, répartis entre l’entretien des hôpitaux, les travaux routiers, les écoles et les mises à niveau numériques pour les tribunaux2.

Pendant un évent dans les West Midlands, le 30 juin, M. Johnson a annoncé que son gouvernement « non a seulement une vision pour changer en mieux, mais une mission d’unir et de progresser le pays ». En émulant FDR, M. Johnson a également déclaré que le Royaume-Uni avait pour objectif de « mettre ses bras autour des gens en temps de crise »3

Un tel plan ne ressemble pas seulement au passé glorieux de FDR, mais aussi, plus récemment, il fait écho au programme de travail de Tony Blair en 1990 et à George Osborne qui, en 2015, annonçait « Nous sommes les constructeurs ». Au contraire, Layla Moran, libéral-démocrate, a répondu que « le Premier ministre doit également se rendre compte que notre infrastructure est humaine, pas seulement de briques et de mortier »4. Elle a souligné que le plan devrait également inclure des programmes de reconversion professionnelle de masse pour améliorer les communautés.

Les conséquences économiques du Brexit sur les PIB des pays membres de l'Union européenne

Deux mois après sa candidature pour devenir le FDR des temps modernes, M. Johnson fait face à une réaction féroce de son parti et du public. Ses relations avec le parti conservateur se sont dégradées au cours des derniers mois, malgré la majorité parlementaire de 80 sièges. À la suite du scandale de Dominic Cummings, qui a désobéi aux mesures de confinement en mai, plusieurs députés conservateurs ont demandé ses excuses et sa démission5. Pourtant, M. Johnson a soutenu son conseiller en chef, le maintenant dans ses cercles les plus proches. Les députés conservateurs n’aimaient pas non plus la décision de M. Johnson de donner laisser le champ libre à Huawei pour alimenter le réseau 5G du Royaume-Uni, qui a ensuite été abandonné par le Premier ministre.

Au sein du parti conservateur, un remaniement peut être nécessaire pour maintenir l’unité du parti, apaisant le mécontentement répandu au sein du parti et améliorant les relations avec ses collègues du cabinet. En particulier, plus de pouvoir devrait être donné aux députés venant du ex-Mur rouge, qui ont été récemment remportés par le Labour. Cela permettrait à M. Johnson de regagner la confiance de son parti et de tenir ses promesses électorales de « conservatisme d’une nation ».

Concernant le public, les sondages les plus récents montrent que, depuis les élections générales de 2019, le parti de M. Johnson est passé de 44 % à 42 %6. Au lieu, le parti laboriste est passé de 32 % à 37 %, réduisant l’écart à une différence de 5 %. La dissidence publique s’accompagne d’une baisse du PIB du Royaume-Uni de 20,4 %, ce qui représente le pire résultat jamais enregistré par l’Office britannique des statistiques nationales (ONS) depuis 19557. Selon l’OCDE, le Royaume-Uni pourrait être l’un des pays les plus touchés par la pandémie8.

Cependant, le chancelier de l’Échiquier Rishi Sunak a déclaré à la BBC que l’économie a donné des signaux positifs, gagnant 8,6 % depuis mai contre le prévisions. Néanmoins, l’ONS soutient que ces chiffres sont volatils car ils représentent principalement la fin du confinement, qui a seulement et temporairement amélioré le secteur du logement9.

Pour regagner le soutien du public, M. Johnson devra également résoudre le dilemme du Brexit. La période de transition se termine le 31 décembre, mais peu de choses ont été faites pour parvenir à un accord et le spectre d’un non-accord devient au jour le jour le résultat le plus probable.

En particulier, M. Johnson est appelé à résoudre le principal problème de cette situation : l’accès des entreprises londoniennes au marché européen10. Si un accord n’est pas conclu prochainement, le Royaume-Uni devra négocier individuellement au cas par cas avec chaque UE-27, ce qui ralentira la capacité de marché de la ville. Boris Johnson pourra-t-il reconquérir son parti et le public pour devenir le nouveau FDR ?

Sources
  1. PARKER George, GILES Chris, Johnson seeks to channel FDR in push for UK revival, Financial Times, 29 juin 2020
  2. Coronavirus : Boris Johnson pledges ‘new deal’ to build post-virus, BBC, 30 juin 2020
  3. Coronavirus : Boris Johnson pledges ‘new deal’ to build post-virus, BBC, 30 juin 2020
  4. DEMIANYK Graeme, Boris Johnson Promises Roosevelt-Style ‘New Deal’ To Ease Covid Crisis, Huffington Post, 29 juin 2020
  5. PAYNE Sebastian, Boris Johnson faces calls to improve relations with Tory MPs, Financial Times, 23 aout 2020
  6. Politico, Poll of Pools, UK
  7. NODÉ-LANGLOIS Fabrice, Le Royaume-Uni plonge dans la récession la plus sévère d’Europe, Le Figaro, 12 aout 2020
  8. OECD Employment Outlook 2020 : Worker Security and the COVID-19 Crisis, OECD Publishing, Paris
  9. NODÉ-LANGLOIS Fabrice, Le Royaume-Uni plonge dans la récession la plus sévère d’Europe, Le Figaro, 12 aout 2020
  10. HARSCOET Johann, Brexit : l’UE menace de bloquer les équivalences financières, L’Echo, 17 aout 2020