Stockholm. En 2021, la Suède assurera la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. En vue de cette occasion, la déclaration présentée par la Ministre des Affaires étrangères, Ann Linde, portait donc principalement sur la sécurité en Europe. L’accent a également été mis sur la position ferme de la Suède contre l’affaiblissement de l’État de droit dans certains pays membres de l’Union européenne.

Comme le veut la tradition, la déclaration a été suivie d’un débat parlementaire, plus calme par rapport à ceux des années précédentes : l’ancienne ministre des affaires étrangères Margot Wallström, qui a démissionné en septembre dernier, était souvent critiquée pour ses positions idéalistes.

« J’ai dans mes mains une copie de la déclaration du ministre des Affaires étrangères ». C’est par cette affirmation que Hans Wallmark, le vice-président des « Modérés », le plus grand groupe parlementaire d’opposition, a commencé sa réplique. « J’aurais pu le déchirer, comme l’a fait Nancy Pelosi au Congrès des États-Unis », a-t-il ajouté « mais je ne le ferais pas, et cela pour deux raisons principales. Je partage, pour l’essentiel, le point de vue exprimé par le ministre des Affaires étrangères. De plus, je considère que nous, les politiciens suédois, avons une responsabilité de lutter contre l’évolution politique que l’on voit dans certains autres pays, celle d’une polarisation et d’une brutalisation de la politique intérieure »1.

Un débat relativement vif s’est alors engagé vis-à-vis de la Russie et la Turquie. La politique du gouvernement sur ce point a été critiquée par la plupart des partis de l’opposition. Le Parti de gauche (Vänsterpartiet) a par exemple déclaré qu’il faudrait adopter une position plus dure contre la Turquie, si le gouvernement veut être à la hauteur de ses paroles à propos l’affaiblissement de l’État de droit évoqué dans la déclaration. Fredrik Malm, député du parti des Libéraux (Liberalerna), a abondé sur ce point en demandant : « Pourquoi la ministre ne prend-elle pas d’initiative pour infliger des sanctions à la Turquie au niveau de l’Union européenne ? »

Le Parti du centre (Centerpartiet) et les Démocrates de Suède (Sverigedemokraterna) étaient sur la même ligne, plaidant pour une introduction d’une loi du style Magnitsky, qui prévoirait d’appliquer des sanctions financières et des interdictions de visa contre des fonctionnaires et des personnes qui ont violé les droits de l’homme2.

Au sujet de la Turquie, la ministre des Affaires étrangères était d’accord sur le fait que les sanctions soient une alternative à discuter, tout en soulignant l’importance d’un dialogue constructif avec ses homologues turcs.

Sources
  1. Sveriges Riksdag, Utrikespolitisk debatt, 12 février 2020.
  2. LINDE Ann, Utrikespolitiska debatten : Svensk samling kring EU, Europaportalen, 12 février 2020.