Stockholm. Au pays de la simplicité du montage de meubles, il n’a jamais été aussi compliqué de réaliser un gouvernement. Quatre jours après les élections municipales, régionales et législatives du 9 septembre, les différentes formations politiques ne parviennent toujours pas à déterminer qui exercera le pouvoir pour les quatre prochaines années.

Il faut dire qu’à l’heure actuelle, les deux blocs se tiennent dans un mouchoir de poche (4). La coalition de gauche, qui regroupe le Parti social-démocrate, les Verts et le Parti de gauche, aurait obtenu à l’heure actuelle 40,6 pour cent des voix (soit 144 sièges sur 349) alors que l’alliance de droite (Chrétiens-démocrates, Libéraux, Modérés et Parti du centre) obtiendrait 40,3 pour cent des voix (soit 143 sièges). Aucun des deux blocs n’est donc majoritaire, et la perspective d’une “grande coalition” à l’allemande est exclue par les deux formations. Les Démocrates de Suède, quant à eux, ont reçu 17,6 pour cent des suffrages. Loin de leurs espérances, mais suffisamment pour peser lourdement dans la formation du nouveau gouvernement. Pour le moment, l’alliance de la droite refuse tout soutien de la part du parti d’extrême-droite, et préfère compter sur un soutien passif de la gauche (1).

Le résultat a son importance pour l’avenir de la Suède au sein de l’Union. En effet, les Démocrates de Suède ont lancé un pavé dans la mare cet été en proposant un “Swexit” en cas de victoire. Cette déclaration fracassante a obligé les partis à se positionner sur l’approfondissement de l’intégration européenne. Si les sociaux-démocrates, les Verts et une partie de la droite souhaitent voir la Suède poursuivre les politiques européennes, certains partis au coeur des coalitions sont pour une remise en question des décisions de Bruxelles. En outre, les Démocrates de Suède souhaitent un arrêt des procédures contre la Pologne ou la Hongrie (2). L’importance cruciale de cette élection dans les rapports entre la Suède et l’Union n’a d’ailleurs pas échappé aux leaders politiques des autres pays : si Marine Le Pen, Matteo Salvini et Peter Skaarup, chef du parti populaire danois, saluent la progression des Démocrates de Suède (+4 pour cent en quatre ans) (3), les dirigeants européens de gauche et de centre-droit constatent qu’une majorité des électeurs suédois a voté pour un parti de gouvernement.

Sources :

  1. EKSTRÖM Anna, Alliansen bjuder in S till samtal, Göteborgs-Posten, 12 septembre 2018.
  2. Europa-portalen, SD vill stoppa EU-processen mot Polen , 6 septembre 2018.
  3. Europa-portalen, Efter riksdagsvalet – extremhögern i EU jublar, 10 septembre 2018.
  4. HIVERT Anne-Françoise, En Suède, droite et gauche au coude-à-coude, l’extrême droite progresse, Le Monde, 9 septembre 2018.