Ce texte a été publié originellement dans l’édition 70 de La Lettre du Lundi, la newsletter opérationnelle hebdomadaire du Grand Continent. Vous pouvez retrouver l’édition complète ici. Abonnez-vous par ici.

Rome. L’Italie meuble à elle seule une grande partie du vide de l’actualité européenne de mi-août. En témoigne le taux d’ouverture particulièrement élevé de La Lettre du lundi chez les parlementaires italiens.

Il s’agit d’une véritable « crise de Schrödinger » : dans une situation assez floue et qui change chaque jour, l’offensive de Salvini a été, pour le moment, désamorcée par l’action conjointe du Parlement italien et le président de la République. Pour résoudre la crise, plusieurs scénarios sont maintenant possibles : un gouvernement provisoire suivie par des élections, une alliance « de gauche » Mouvement Cinq Étoiles-Parti Démocrate-partis de gauche, une coalition « Ursula »1 (ainsi nommée car, en mettant ensemble le centre-gauche, le centre-droite berlusconien et les Cinq Étoiles, elle répéterait à niveau national la coalition qui a soutenu la candidature d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne2) ou même un nouveau gouvernement 5 Étoiles-Ligue avec une nouvelle géométrie. De plus, les préoccupations concernant la situation économique et la loi de finances italienne rendent la situation très complexe. 

Même si la situation actuelle est pleine d’incertitudes, on peut dire que Salvini a fait un pari qui semble avoir, pour la première fois, montré quelques faiblesses dans sa stratégie : selon Gianfranco Pasquino, professeur à l’Université de Bologne, « Salvini a agi comme un joueur de poker : il a les voix, mais je ne parierais pas sur lui. Il s’est montré capable dans ses campagnes sur les plages, moins comme homme de gouvernement. »

En effet, l’objectif ultime de Salvini reste de convoquer des élections, et il déjà a orienté tous ses efforts vers une campagne électorale permanente, centrée (à nouveau) sur un argument unique : la lutte contre l’immigration3.

L’immigration a justement été l’occasion d’un énième simulacre de scandale médiatique de Salvini sur les réseaux sociaux. Face à l’arrivée du navire Open Arms, Salvini, totalement réticent, a traité la maire de Barcelone d’« angéliste », alors qu’elle lui rappelait son devoir d’accueil, ce à quoi l’intéressée a répondu dans un autre tweet querelleur4. Le ministre de l’Intérieur italien s’est finalement résolu à accueillir 27 mineurs du navire à Lampedusa ce samedi 17 août.