Rome. C’est fini. L’alliance jaune-vert M5S-Ligue, avec Giuseppe Conte comme garant, et le gouvernement « Frankenstein » sont terminés. L’acte final du gouvernement issu de l’alliance Ligue-M5S a été interprété par le président du Conseil : il a démissionné hier, devant le Sénat italien où il avait été convié à s’exprimer après la motion de défiance présentée par la Ligue de Matteo Salvini, afin de renverser le gouvernement auquel ce dernier appartient. Ses adieux ont été venimeux : il a accusé Salvini d’avoir déclenché cette crise politique en plein milieu de l’été, à un moment charnière dans le fonctionnement des institutions italiennes ; il a également déclaré que Salvini avait obéi à des intérêts personnels et partisans et qu’il était irresponsable, déloyal, opportuniste, autoritaire et sans aucune culture institutionnelle.

Après avoir été secoué par Giuseppe Conte, Matteo Salvini a même proposé, dans un discours décousu, de continuer, comme si rien ne s’était passé et de préparer ensemble les réformes déjà prévues, à savoir la coupe des parlementaires et la loi de finances. Mais Giuseppe Conte a rejeté ce dernier volte-face en lui reprochant de ne pas avoir le courage d’assumer ses responsabilités et en ajoutant que lui, il l’avait, ce courage, et qu’il allait présenter sa démission au président de la République.1

Les marges de manœuvres sont étroites. La crise est ouverte et il faudra des jours, voire des semaines, pour comprendre quelle sera son issue : élections anticipées en automne avec un gouvernement assurant les affaires courantes ou bien une relance de la législature sur de nouvelles bases en termes d’alliances et de programme. La seule chose hautement improbable serait une réédition du gouvernement M5S-Ligue dirigé par M. Conte. Un court délai sera imposé par le Quirinal pour trouver un éventuel accord (qui s’orienterait plutôt vers un accord M5S-PD) et éviter des élections anticipées rapides, qui seraient inévitables en cas d’enlisement. Le président de la République, Sergio Mattarella, veut éviter de tenir l’Italie en suspens : il n’a pas intention de perdre du temps. On peut le comprendre étant donné le rythme serré des consultations : elles commenceront le 21 août et se termineront dès le lendemain, le 22 août2. Sergio Mattarella sollicitera de la clarté de la part des partis, en vue d’éviter le prolongement des consultations.

D’après le président de la République, deux solutions sont envisageables. En cas d’absence de proposition pour sortir de la crise, Sergio Mattarella mettrait en place un gouvernement provisoire, composé de membres neutres, ayant comme finalité exclusive d’accompagner le pays aux élections au plus vite. Cependant, un autre scénario est possible. Dans le cas d’une entente entre Nicola Zingaretti et Luigi Di Maio, il est probable que le président de la République puisse leur accorder quelques jours en vue de former une nouvelle majorité M5S-PD3.

De toute façon, il faut trouver une solution au plus vite pour mettre en sécurité l’Italie en cas d’élections : le temps est limité pour rédiger la loi de finances et bloquer l’augmentation de la TVA. De plus, un parcours rapide et ordonné vers les urnes réduira le danger d’une spéculation financière que pourrait subir l’Italie.

Perspectives : 

  • 21-22 août : consultations au palais du Quirinale
  • 27 septembre : présentation de la note de mise a jour du DEF, le premier pas pour la définition du bilan 2020