Washington. Le président américain Donald Trump est au centre d’une série de différends institutionnels impliquant trois fronts : militaire, économique et judiciaire. Après que la Maison-Blanche a décidé de retirer la permission à John Brennan, déjà chef de la Cia, d’accéder à des sources classifiées et de reporter le défilé en l’honneur des anciens combattants de novembre 2018 à une date non spécifiée en 2019, le mécontentement entre les sphères supérieures du renseignement et les forces armées a augmenté. C’est surtout le cas de Brennan, soutenu par des motivations considérées comme faibles, qui a suscité la plus grande critique de l’appareil. Entre autres, Robert Gates, David Petraeus, George Tenet et Leon Panetta ont exprimé leur soutien à l’ancien directeur de la Cia par le biais d’une lettre rendue publique par la Cbs (1).

De nouvelles frictions sont également apparues entre Trump lui-même et le président de la Réserve fédérale, Jérôme Powell, coupable – de l’avis de la Maison-Blanche – de mener une politique monétaire axée sur la hausse des taux d’intérêt. Une augmentation qui, de l’avis de nombreux analystes, semble légitimée par l’excellente performance de l’économie américaine et par les records que l’indice S&P 500 continue de battre (4).

Dans le domaine de la justice également, les préoccupations concernant la Maison-Blanche ne manquent pas.  À la lumière des révélations récentes sur la Russie et d’autres scandales pré-électoraux, Trump a exprimé publiquement son insatisfaction vis-à-vis du travail du procureur général Jeff Sessions, qui aurait été incapable, selon lui, de protéger la figure du Président. Sessions a répondu, agacé, quelques heures plus tard, déclarant que son ministère « ne sera pas indûment influencé par des considérations politiques » (3).

Perspectives :

  • Bien que les pressions sur Trump augmentent sur plusieurs fronts,, la perspective d’une destitution semble, à l’heure actuelle, lointaine. La procédure ne peut être activée que par le Congrès qui, cependant, jusqu’aux prochaines élections en novembre, sera toujours majoritairement républicain. Le “Grand Old Party”, actuellement, n’est pas uni dans la critique du Président (2).
  • Les élections à moyen terme pourront changer la distribution des cartes, surtout si les démocrates l’emportent. Si même le Congrès devait entamer la procédure de destitution sur Trump, la Maison Blanche commencerait à se trouver en grande difficulté et, probablement, même le large soutien de l’électorat républicain au Président ne serait pas suffisant pour protéger Trump.

Sources :

  1. GAZIS Olivia, Top former intelligence bosses sign letter supporting John Brennan, CBS News, 17 août 2018.
  2. LEHIGH Scot, Republicans must choose : Trump or truth, The Boston Globe, 23 août 2018.
  3. OPRYSKO Caitlin, MORIN Rebecca, Sessions offers rare public smack at Trump, Politico, 23 août 2018.
  4. SHERMAN Natalie, S&P 500 share index notches up record-breaking winning streak, BBC, 22 août 2018.