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Organiser un monde cassé : l’Europe face aux doctrines de la recomposition, une conversation avec Delphine Allès

Europe
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La semaine dernière, à 750 kilomètres à l’est de Moscou, dans la capitale de la république du Tatarstan, dans la Russie de Poutine, les BRICS étaient réunis et représentés au plus haut niveau. De Xi à Poutine, de Ramaphosa à Modi, au-delà des accolades et des poignées de main autoritaires — que dit réellement la «  déclaration de Kazan  »  ? Nous introduisons ses «  douze thèses  » pour un nouvel ordre mondial.

Dans un embrasement qui va de l’Ukraine à la mer Rouge, les guerres de 2023 ont redéployé les rapports entre des blocs qu’on croyait bien établis. Au bord d’un monde désaligné, où les alliances traditionnelles sautent et où de nouvelles peinent à voir le jour, comment converger sans vouloir convertir  ? Un nouvel extrait des discussions de haut niveau de la première édition du Sommet Grand Continent.

Critiquer le concept de Sud Global est à la mode. Pourtant, au moment où les réactions à la guerre de Soukkot entre Israël et le Hamas polarisent le monde plus que jamais, il faut tenter de reconstruire la notion. Contre l’idée fallacieuse d’un Occident lisse et organisé, Aude Darnal cherche à montrer que le Sud Global existe bel et bien — et qu’il recouvre une réalité avec laquelle il faut composer.

Alors que le Secrétaire d’État américain Blinken est en visite au Mexique, il faut se pencher sur la doctrine globale de Mexico. En faisant un pas de plus vers le polylatéralisme, Alicia Bàrcena, ministre des Affaires étrangères d’AMLO, entend changer de paradigme et faire jouer à plein la coopération Sud-Sud. Avec une introduction signée Mario Pezzini, nous traduisons son discours clef à l’ONU et son invitation à «  sortir ensemble du Labyrinthe  ».

Cela n’a pas de sens de parler d’une révolte du Sud contre l’Occident. Face à un «  méridionalisme  » qui cherche à essentialiser le «  Sud Global  », Bruno Tertrais décrit un monde dont les lignes de fracture sont beaucoup plus complexes. Se passer de ce récit facile, c’est aussi se donner le moyen d’agir plus efficacement — de manière constructive.

À l’annonce de l’élargissement des BRICS à six nouveaux pays, la présence de l’Éthiopie dans la liste a pu faire figure de surprise. Quelles logiques sous-tendent cette admission d’Addis-Abeba aux côtés de Pékin, Brasilia ou Delhi  ? Il faut la comprendre comme un révélateur des ambitions stratégiques des BRICS — mais aussi d’une approche partenariale fondamentalement déséquilibrée.