Politique

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La Russie a «  fermement condamné  » l’attaque américaine de la nuit dernière.

Mais il suffit de lire attentivement les dernières prises de parole de Vladimir Poutine au Forum de Saint-Pétersbourg — que nous traduisons et commentons ici — pour comprendre qu’un ajustement stratégique est en cours.

Incapable de soutenir l’ouverture d’un nouveau front au sud, la Russie pourrait, par réalisme, voir à nouveau sa stature internationale diminuée en décidant d’abandonner le régime iranien à Israël et aux États-Unis — en soulevant des interrogations sur sa solvabilité géopolitique.

Ces derniers mois, Moscou a beaucoup misé sur son partenariat avec Téhéran.

Mais depuis le lancement par Israël de l’opération Am Kalavi, une peur saisit les propagandistes du Kremlin  : et si, après celui d’Assad en Syrie, le régime des mollahs tombait aussi  ?

Comme le résume une agence de presse en Crimée  : «  voilà la leçon pour la Russie  : si tu recules, on te frappe encore plus fort.  »

À Fort Bragg, le président américain a transformé un passage en revue militaire en meeting politique, obligeant des militaires en uniforme sélectionnés pour leur loyauté à l’acclamer.

Après l’envoi de Marines à Los Angeles et juste avant la grande parade militaire qui aura lieu à Washington pour son anniversaire, il s’agit d’une étape de plus dans la transformation des États-Unis.

Nous traduisons son discours aux accents guerriers.

Un groupe de personnalités issues majoritairement de l’aile gauche du SPD vient de dévoiler un «  manifeste  » pour la paix en Europe.

Truffé d’éléments de propagande du Kremlin et déconnecté du contexte stratégique européen, il illustre la présence influente au sein du partenaire de coalition de Friedrich Merz d’une aile pro-Moscou.

À deux semaines du congrès du parti qui désignera une nouvelle direction et le dotera d’un nouveau programme, il pourrait s’agir d’une manœuvre de déstabilisation de la GroKo.

Nous le traduisons et le commentons ligne à ligne.

Souvent présenté comme un modèle de résistance à Trump, le Mexique dirigé par l’héritière politique d’AMLO Claudia Sheinbaum est en train de connaître un tournant inquiétant.

Pour la politologue mexicaine Denise Dresser, le vote du 1er juin pour élire les magistrats du pays met fin à trois décennies d’État de droit  : le parti au pouvoir contrôle désormais les tribunaux mexicains.

Au prétexte de vouloir renforcer la démocratie par la «  volonté du peuple  », il remet le pays sur la pente d’un régime autoritaire.

Écouté par Bernie Sanders et AOC, le sociologue et théoricien radical est en train de construire une stratégie pour enrayer la contre-révolution de Donald Trump.

Avec une plateforme électorale fondée sur le «  populisme économique  » et une nouvelle génération d’élites politiques, il soutient que certaines batailles décisives pourraient ouvrir un chemin vers la victoire. Mais pour cela, le Parti démocrate doit changer — de fond en comble.

De passage à Paris, nous l’avons rencontré.

Curtis Yarvin, Bronze Age Pervert, Marc Andreessen. Dans les écrits de la nébuleuse composite du canon trumpiste, un nom revient souvent  : Friedrich Nietzsche.

Érigé en saint-patron, l’auteur de Zarathoustra est pourtant l’objet d’un contresens total par les techno-césaristes de la Silicon Valley.

Patrick Wotling, l’un des plus grands spécialistes de Nietzsche, tente d’expliquer pourquoi.

Pour faire face à la Russie de Poutine il faut comprendre les sources idéologiques et les doctrines du régime qui, en envahissant l’Ukraine, a déclaré une guerre sans fin à l’Europe.

Le principal de ces «  producteurs d’idéologie  » poutiniens s’appelle Sergueï Karaganov.

Il accorde un entretien exclusif au Grand Continent.

En Iran, un changement radical pourrait être imminent.

Mais alors qu’un accord avec les États-Unis sur le nucléaire permettrait une réouverture partielle du pays, la population semble bien mieux préparée que le régime à cette éventualité.

Si Washington et Téhéran ont chacun besoin d’un deal, la République islamique a intérêt à préserver en partie le statu quo sur lequel elle a fondé son modèle.

Ali Vaez (Crisis Group) livre des éclairages sur l’état de ces négociations complexes dont dépend l’avenir du Moyen-Orient.