Guerre

Que se passe-t-il au cœur de l’interrègne ?

Dans l’explosion des rivalités géopolitiques, la guerre est là. Du Donbass au métavers, des fronts se sont ouverts. L’invasion de l’Ukraine par la Russie nous a sidérés, mais comprendre cet affrontement crucial ne suffit pas.

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À l’arrière d’une berline blindée, Poutine veut supprimer l’Ukraine.

Après les paroles de son conseiller Patrushev, Vladimir Poutine a mis en scène sa position dans les négociations. Prenant la parole sur la banquette arrière d’une voiture, il a signifié sa disponibilité à négocier d’égal à égal avec les États-Unis de Donald Trump — tout en niant l’existence et la capacité d’action de l’Ukraine qui tient pourtant son armée en échec depuis bientôt trois ans.

Pour la première fois en français, nous traduisons et commentons cet entretien clef.

Dans un monde en guerre où de nouveaux empires rêvent de se partager le continent, l’Europe doit faire face à une nouvelle réalité.

De l’Ukraine à l’Indopacifique en passant par la Syrie et la Baltique, de plus en plus menacés, nous évoluons sur une ligne de crête.

Pour Ursula von der Leyen et sa nouvelle Commission, il faudra s’habituer  : l’Union pourrait devoir commencer à travailler contre Washington.

«  Les Russes vivent dans un monde d’États-nations — comme les Ukrainiens, les Allemands, les Français. Ils ne vivent pas dans un espace impérial dont les frontières seraient mouvantes.  »

Dans une enquête ethnographique recueillant plus de 750 pages de témoignage, trois chercheuses du laboratoire d’Oleg Zhuravlev produisent un exercice inédit  : essayer de définir le rapport des Russes à la guerre à partir de leur perception de la réalité. Nous résumons les principaux résultats de cette étude qualitative.

Pendant plusieurs années à la tête du ministère des Affaires étrangères de Lituanie, Gabrielius Landsbergis a été le chef de file des «  néo-idéalistes  » soutenant ceux qui s’opposent aux autocraties — de Taipei à Kiev.

Alors que Trump est sur le point d’être investi, il appelle à ne pas tomber dans le piège de la rhétorique impérialiste sur le Groenland. Derrière l’irénisme de façade de la Chine, il met en garde contre la stratégie de Xi — «  pour nous, la géopolitique, ce n’est pas faire ses courses au rabais sur Alibaba  ».

Avant de s’asseoir à la table de négociation, il faut comprendre précisément ce que cherchent et ce que pourraient accepter les cinq parties directement impliquées — l’Ukraine, la Russie, les États-Unis, l’OTAN et l’Union.

Du megadeal de Trump au bluff poutinien, Rose Gottemoeller, ancienne secrétaire générale adjointe de l’OTAN, passe en revue les positions et esquisse un plan qui permettrait à chacun d’éviter une défaite cuisante.

Selon Vladislav Sourkov, longtemps éminence grise du Kremlin, avec la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a ouvert à l’échelle planétaire une nouvelle ère impériale.

Depuis, toutes les grandes puissances se projettent dans un espace «  sans frontières  ».

«  La Turquie intervient en Syrie conformément aux meilleures traditions de la Sublime Porte  ; la Chine tisse doucement ses Routes de la soie à travers tous les continents  ; Trump revendique le Groenland, le Canada, le canal de Panama…  ».

Nous le traduisons et le commentons ligne à ligne.

Depuis février 2022, des centaines de milliers d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens ont rejoint le front.

Même dans un pays confronté à une agression si violente, la mobilisation militaire n’a rien d’évident ou d’automatique. Elle est un élément fondamental, souvent trop peu étudié pour permettre de comprendre la résistance de la société ukrainienne.

Pendant plusieurs mois, Anna Colin Lebedev a enquêté au plus près des mécanismes de mobilisation qui transforment des citoyens lambda en guerriers.