Selon une analyse des pertes matérielles russes reposant sur les données compilées par Oryx, la Russie aurait perdu à ce jour plus de la moitié de tout l’équipement militaire dont elle disposait avant le lancement de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, en février 2022 1. Au 31 janvier 2025, plus de 20 000 équipements (chars, véhicules blindés, canons, avions, hélicoptères…) de l’armée russe auraient ainsi été détruits ou sérieusement endommagés.

  • Au-delà des vidéos et preuves visuelles sur lesquelles se basent les analystes OSINT pour compiler et quantifier les pertes d’équipements en Ukraine, l’évolution du matériel stocké dans les bases réparties sur le territoire russe fournit elle aussi des indications sur les réserves restantes.
  • Ainsi, selon une base de données tenue par des analystes indépendants, la Russie aurait perdu 52 % de tous les chars d’assaut dont elle disposait avant 2022, 48 % de ses véhicules de combat d’infanterie, 55 % de ses véhicules blindés de transport de troupes ou encore 59 % de son artillerie 2.

Contrairement à son armée, dont Moscou parvient à compenser les pertes en recrutant des soldats engagés sous contrat, le matériel utilisé par l’armée russe est majoritairement d’origine soviétique. Entre 1975 et 1983, l’URSS produisait ainsi de 2 300 à 3 000 chars d’assaut par an — jusqu’à 3 550 en 1987 3. Une partie de ces réserves ont par la suite été envoyées dans d’autres pays ou stockées sur le territoire russe, avant d’être utilisées — pour les matériels encore dans un état satisfaisant plusieurs décennies après leur production — en Ukraine.

  • Aujourd’hui, la Russie est en mesure de produire jusqu’à 300 chars d’assaut par an environ 4. Elle en aurait perdu environ 1 100 l’an dernier et plus de 2 000 en 2023. 
  • Cette tendance s’observe pour d’autres catégories d’équipements lourds, comme les véhicules de combat d’infanterie, ou IFV. En 2022, plus de 75 % des pertes russes étaient d’origine soviétique, contre moins de 50 % en décembre 2024-janvier 2025 5.
  • Ce chiffre montre qu’en raison de la déplétion des réserves d’équipements soviétiques, l’armée russe repose de plus en plus sur des productions récentes qui sont insuffisantes pour compenser les pertes.

Ce taux d’attrition suggère que l’armée russe ne sera plus en mesure de maintenir ses capacités et sa puissance de combat actuelle au-delà de 2025, selon plusieurs analystes 6. Malgré la hausse continue de ses dépenses de défense, la Russie fait face à de nombreuses limites en matière de main-d’œuvre qualifiée ainsi que de matières premières disponibles pour augmenter sa production de matériel.

Sources
  1. Вячеслав Епуряну, « Разоруженные силы. Путин « перемолол » почти все наследие советского ВПК, это снизит интенсивность войны », The Insider, 28 janvier 2025.
  2. Stored equipment by @jonpy99, @highmarsed, @waffentraeger, @CovertCabal, @Vishun_military, @Ath3neN0ctu4.
  3. Soviet Military Production 1975-88, U.S. Central Intelligence Agency, septembre 1989.
  4. Dara Massicot et Richard Connolly, Russian Military Reconstitution : 2030 Pathways and Prospects, Carnegie Endowment for International Peace, septembre 2024.
  5. Publication de @whitherapathy sur X, 27 janvier 2025.
  6. Jack Watling et Nick Reynolds, Russian Military Objectives and Capacity in Ukraine Through 2024, Royal United Services Institute for Defence and Security Studies, 13 février 2024.