Gesine Weber

Chercheuse au German Marshall Fund of the U.S. à Paris


Nous entrons dans la troisième année de la guerre russe à grande échelle contre l’Ukraine. Les conflits et les tensions s’enchaînent  : ils ont éclaté au Moyen-Orient et menacent de faire basculer l’Indo-pacifique. Dans une année à hauts risques, qui sera aussi marquée par des élections cruciales, nous identifions 10 tendances à suivre pour penser la défense européenne.

La France n’est pas le pays de l’Europe-puissance.

À presque un an des élections présidentielles américaines et juste avant une nouvelle visite du président Zelensky à Washington, quels regards les Français et les Européens portent-ils sur les grands sujets transatlantiques  ? Une analyse des opinions publiques à partir de l’étude annuelle du German Marshall Fund «  Transatlantic Trends  » — en 10 points et 12 graphiques.

L’année 2022 a marqué le retour de la guerre en Europe, modifiant les équilibres internes à l’Union et nous obligeant à repenser ensemble l’intégration et la défense du continent. Entre les nouvelles permanences et les incertitudes persistantes, une architecture inédite commence à peine à émerger. Nous identifions 10 tendances cruciales à suivre pour penser la défense européenne en 2023.

Cette semaine, le German Marshall Fund a publié son étude annuelle portant sur les «  tendances transatlantiques  », basée sur des sondages d’opinion conduits dans 14 pays des deux côtés de l’Atlantique. L’analyse des opinions publiques permet d’observer les bouleversements profonds que connaissent les paysages politiques et stratégiques européens depuis le début de la guerre en Ukraine.

La calendrier le prévoyait. L’actualité est venue frapper à la porte un peu plus tôt. En 2022, les Européens devront s’acclimater au retour de la guerre. Au-delà des discours, sommets et boussoles, utiles à la définition d’une position commune, l’Union se trouve au tournant  : le temps des décisions stratégiques serait-il finalement venu  ? 10 points pour esquisser une réponse.

En juin 2021, le German Marshall Fund a mené une étude basée sur des sondages d’opinion conduits dans 11 pays des deux côtés de l’Atlantique. À quelques mois de l’élection présidentielle française, après la chute de Kaboul et en pleine affaire Naval Group alors que les ambassadeurs français à Washington et Canberra ont été rappelés, il est utile de se référer aux résultats de ces «  tendances transatlantiques  » pour comprendre les priorités des Français en matière de politique étrangère.

Le premier avril, l’opération EUVAVFOR MED Irini, qui suit à l’opération Sophia, a été lancé par l’UE, sa mission principale consistant dans la surveillance du respects de l’embargo européen contre la Libye. Faute d’une composante humanitaire, cette mission reflète les tendances croissantes de «  sécuritisation«    » des politiques extérieures de l’UE – et fait donc l’objet des critiques des acteurs humanitaires.

Crises régionales au Sahel, Niger

Le week-end dernier, les ministres de défense d’onze pays européens, du Mali et du Niger ont issu une déclaration politique annonçant la création de la Task Force Takuba, qui, intégrée au commandement de la mission Barkhane, vise à lutter la menace terroriste et traiter les causes d’instabilité au Mali et dans la région du Sahel. Considérant la dégradation de la situation sécuritaire malgré l’engagement international extensif dans la région, cette approche est contestée – mais peut contribuer à un processus de paix durable tout en renforçant la capacité de l’Union d’agir dans les crises sécuritaires.

Fin octobre, les premiers entretiens sur le processus constitutionnel en Syrie ont été entamés à Genève. L’établissement du Comité constitutionnel syrien après plus de huit ans de guerre souligne qu’une nouvelle étape du conflit a commencé – celui qui déterminera l’ordre d’après-guerre en Syrie. Outre l’avenir géopolitique du pays, cette évolution relève de nouveau la question des réfugiés syriens – qui s’attendent à des situations complexes lors de leur retour.

Réaction à l’opération militaire menée par Ankara dans le nord de la Syrie, l’idée allemande de créer une «  zone de sécurité sous contrôle international  » en Syrie a suscité des réactions diverses à l’échelle internationale, mais n’a pas pu bénéficier du soutien des ministres de la défense de l’OTAN lors de la réunion de fin octobre. Même si cette proposition n’a beau jamais voir la lumière du jour sous forme d’une mission de l’OTAN, le débat autour du rôle des Européens en Syrie persiste et reflète une multitude d’enjeux et dilemmes auxquels l’Union fait face dans ce conflit, tout en soulevant de nouveau la question de la capacité d’action extérieure de l’Union.