Durant la pandémie de COVID-19, la finance durable poursuit son développement alors que beaucoup défendent une surperformance des fonds ESG par rapport au marché. Cette tendance est soutenue par les émissions de dette durable, et la pandémie a d’ailleurs opéré un changement important dans le mix jusqu’alors dominé par les obligations vertes. En effet de nombreux émetteurs ont eu recours à des obligations sociales ou des « pandemic bonds » pour financer les dépenses liées à la situation sanitaire et son impact sur l’économie. Analyse.
Théo Maret
Théo Maret est assistant de recherche au département d’économie de Sciences Po Paris, au sein de la Chaire sur la dette souveraine. Il a précédemment travaillé comme assistant de recherche sur les crises de la dette souveraine à l’École d’économie de Paris. Théo Maret a de l’expérience dans la recherche universitaire et les politiques publiques, avec un accent sur la dette souveraine et la finance durable.
Où trouver les ressources nécessaires aux politiques contracycliques ? Comment soutenir rapidement l’économie en période de ralentissement de l’activité ? L’arrêt brutal des économies face à la pandémie de Covid-19 nécessite une réponse forte des Etats. Pour ce faire, les fonds souverains ont servis à la fois de stabilisateurs des finances publiques et “d’hélicoptère de cash” au-dessus de l’économie locale. Comme lors de la crise financière de 2008, ces acteurs ont permis un déploiement rapide des politiques budgétaires et ainsi tenu leur rôle de vaccin de l’économie en temps de crise.
La crise du COVID-19 va frapper durement les pays d’Amérique latine dont les systèmes de santé et les économies sont particulièrement vulnérables. Alors qu’ils n’ont pas les ressources pour financer les mesures nécessaires, l’intervention des banques multilatérales sera cruciale via des financements d’urgence et des remises de dette.
La Banque européenne d’investissement a publié son second sondage sur le climat, réalisé en partenariat avec BVA dans les 28 pays de l’Union, en Chine et aux Etats-Unis. Les résultats sont particulièrement éloquents sur les disparités de perception du changement climatique entre l’Union, la Chine et les États-Unis, et a fortiori entre les citoyens européens eux-mêmes. Un indicateur précieux, à l’heure où il ne resterait à l’humanité que 8 ans pour limiter le réchauffement en dessous de +1,5 °C.
Saudi Aramco devrait prochainement être introduite sur la bourse de Riyad, le Tadawul. Dans un communiqué de presse daté du 17 novembre, début de la période de book-building, l’entreprise a annoncé viser un prix d’introduction la valorisant aux alentours de 1 700 milliards de dollars, après des mois de spéculations. Cette IPO d’une valeur jamais vue auparavant soulève de nombreuses questions à l’aune des tensions géopolitiques qui secouent le Golfe actuellement mais également de l’avenir de la production et de la demande de pétrole dans un monde en transition vers une économie bas-carbone.
En bref. Le président de la BEI a annoncé dans l’été que le bras armé de financement de l’Union européenne cesserait dès 2020 de financer tout projet en lien avec les énergies fossiles. C’était sans compter les fortes réticences de l’Allemagne, soutenue par plusieurs pays de l’est, qui tente aujourd’hui de vider cette réforme de sa substance. Alors que la nouvelle Commission veut faire de cette institution une banque européenne du climat, sa capacité à faire advenir ou non l’interdiction du financement des énergies fossiles sera scrutée avec attention.
Ces dernières années ont vu l’explosion du marché des obligations vertes, porté tant par les émetteurs corporates que souverains. Cependant, le manque de standardisation des méthodes d’émission et de suivi font craindre la multiplication des cas de greenwashing : le travestissement de projets non durables par des Etats ou entreprises afin de donner une image trompeuse de responsabilité environnementale. Plus largement, la notion même d’obligation souveraine verte peut poser question quant au principe d’universalité budgétaire qui empêche a priori le fléchage des dépenses. Il y a là pour l’Europe une opportunité de définir des standards ambitieux ayant vocation à être repris par l’ensemble des acteurs.
Après s’être fait pendant des années le héraut de l’austérité, le FMI a entamé à la fin des années 2000 un virage sur les questions d’inégalités et de climat, cherchant à s’adapter aux défis les plus urgents. Ce faisant, il va à l’encontre du consensus de Washington qui a guidé son action auparavant, et pourrait modifier l’équilibre établi avec la Banque mondiale, son institution sœur, qui a en effet construit une expertise pointue sur les questions de développement. Nous avons pu en discuter avec Ludovic Subran, Chef économiste d’Allianz et ancien économiste à la Banque Mondiale et à l’ONU.