Asie septentrionale

Long format

L’Holodomor — l’extermination par la faim de 4 millions d’Ukrainiens — a façonné l’identité ukrainienne.

Mais elle n’est pas la seule famine de l’ère soviétique. Le règne de Staline a été marqué par les dernières grandes famines européennes, intentionnellement orchestrées pour certaines, oubliées pour la plupart. Dans une étude fouillée, Nicolas Werth fait le point et relève les dernières avancées de l’historiographie.

Alors que la guerre territoriale en Ukraine et les rivalités entre puissances étatiques prennent de plus en plus de place, Daesh nous rappelle qu’un courant non-westphalien irrigue la recomposition géopolitique contemporaine. Selon l’auteur de La Colère et l’oubli (Gallimard, 2023), dans «  la première guerre mondiale de l’information  », le djihadisme joue un rôle crucial.

Soviétiser des espaces immenses, impossibles à parcourir.

Dans des travaux pionniers, Isabelle Oyahon a montré comment les famines intentionnelles et la sédentarisation forcée des nomades ont façonné brutalement l’Asie centrale. À partir du cas du Kazakhstan, elle dresse une vaste généalogie jusqu’à nos jours — et la longue absence de loi mémorielle sur cette histoire oubliée.

Pour pénétrer dans les contradictions du système qui a permis à Poutine d’obtenir plus de 88  % des voix, il suffit d’analyser d’un œil critique les nombreuses images des Russes aux urnes qui circulaient sur Telegram et les médias du régime. On en tire une leçon  : c’est parce que le processus est une farce que le carnaval devient la seule forme d’engagement possible avec l’élection.

Pas d’opposition, pas de campagne. Le 29 février dernier, devant l’Assemblée fédérale de Russie, Poutine n’a pas menacé le monde d’une attaque nucléaire. Il s’est d’abord adressé aux Russes qui votent aujourd’hui — et qui le rééliront majoritairement. Alors que la Russie est prise dans une guerre qui s’étend à l’Ouest, Poutine multiplie les annonces chimériques et promet aux Russes une vie normale.

Le socle du régime politique russe n’est pas au Kremlin.

Si l’issue de cette élection est déjà connue, ses résultats ne seront pas simplement truqués depuis Moscou  : aujourd’hui, des centaines de milliers de Russes font fonctionner la machine électorale. Dans une analyse en sept points, Anna Colin Lebedev nous aide à décoder les signaux faibles au cœur de ce processus et à comprendre le sens politique de cette séquence.

Un pays asphyxié. Une guerre à l’Ouest. Des millions de citoyens appelés aux urnes pour un vainqueur déjà connu  : «  la peur est là  ».

Les politologues Andreï Kolesnikov et Alexandre Kynev sont parmi les rares critiques du Kremlin restés à Moscou. Dans cet entretien exclusif, ils livrent un témoignage exceptionnel sur les grandes tendances de la société russe qui vote aujourd’hui — sources et données à l’appui.

Boris Nadejdine est une figure intrigante de la vie politique russe.
Inquiet par un soudain élan de popularité, le Kremlin vient de l’empêcher de se présenter à la présidentielle. Mais il n’abandonne pas. Sa stratégie  ? Pas de manifestation, pas d’action choc, pas d’affrontement frontal contre Vladimir Poutine. En vue  : les scrutins locaux de septembre prochain puis les législatives de 2026. Nous l’avons rencontré à Moscou.

De Lénine à Poutine, des infrastructures titanesques ont façonné le paysage de la Russie. Des centaines de milliers d’hommes sont morts pour les construire. Pour des barrages, des centrales nucléaires ou des méga-usines, ils ont brisé les glaces de l’Arctique, détruit des écosystèmes, asséché des lacs. Hier comme aujourd’hui, ces rêves d’acier et de béton sont surtout des armes de guerre. Paul Josephson revient sur leur histoire — du goulag à l’invasion de l’Ukraine.

«  Je n’ai pas peur  ».

Depuis Moscou, Ekaterina Duntsova tente l’impossible  : structurer un véritable parti d’opposition dans la Russie de Poutine. Si elle est d’ores et déjà disqualifiée pour les «  élections  » du 17 mars, elle veut voir plus loin et inventer un nouveau leadership pour la Russie d’après.