À l’occasion de la remise de son doctorat honoris causa à Sciences Po, la directrice exécutive de Mémorial International — l’association dont Vladimir Poutine voudrait effacer la trace — a prononcé un important discours. Nous le publions avec des extraits du discours introductif prononcé par Sabine Dullin.
« Le métavers rendra la guerre ludique pour stimuler le désir des gens de participer ; ce à quoi nous assistons en Ukraine aujourd’hui en est une version bêta. » Selon Shi Zhan, si Zelensky a déjà gagné la bataille de l’image face à Poutine, c’est que les Ukrainiens ont compris que se jouait la première guerre de l’ère du métavers. Nous traduisons sa perspective, aux accents dystopiques, introduite par David Ownby.
Rarement un discours du président russe avait été aussi attendu. Alors que certains espéraient des positionnements tranchés à l’occasion de son allocution pour la Parade de la Victoire sur la Place Rouge, Vladimir Poutine a poursuivi sa stratégie de brouillage, perpétuant ses falsifications et prenant bien soin de ne rien dire de ses intentions sur la guerre en Ukraine.
Dans son pamphlet rédigé sous forme de fiction dystopique, l’idéologue poutinien Mikhaïl Yuriev imagine le Troisième Empire, un monde dominé par une société russe fantasmée dans un idéal médiéval. L’invasion de l’Ukraine en est la première étape. À le lire, Poutine ne ferait que suivre le plan.
« Nous pensions que 2019 était la pire année ; elle pourrait bien s’avérer être la meilleure des dix prochaines années. » Depuis un mois, les habitants de Shanghai font face à un confinement drastique, des rationnements, une politique de tests draconienne.
Sur les réseaux et les forums, l’entraide essaye à grand peine d’étouffer les cris d’angoisse.
Depuis des années, la Russie de Poutine a progressivement converti les vérités du régime en régime de vérité. Une « vérité » faite de mystifications, d’affabulations, loin des faits, proche d’un mode orwellien – mais dont Poutine a compris combien elle était mobilisatrice politiquement. À l’heure où l’extrême droite arrive en France aux portes du pouvoir en s’inspirant de ce modèle, il est temps de l’étudier de près.
L’engouement autour du président ukrainien et l’héroïsme réel qui est le sien depuis l’invasion de son pays ne doivent pas nous faire oublier que le charisme est d’abord un mythe. Dans cette perspective, David Bell replace Zelensky dans une histoire longue qui va de Pasquale Paoli à Lech Wałęsa et croise aussi bien George Washington que Simon Bolivar.
Un village sans ciel, une guerre silencieuse, des hommes bi-dimensionnels. Dans une parabole aussi captivante que glaçante écrite en 2014, l’idéologue de Poutine Vladislav Sourkov se faisait étrangement prophétique sur le monde qui s’est ouvert avec l’invasion de l’Ukraine. Un commentaire de Giuliano da Empoli, auteur du roman Le Mage du Kremlin à paraître le 14 avril chez Gallimard.
Il y a quelques jours, le discours de Poutine aux régions a marqué les esprits par ses accents obsessionnels et sa tonalité génocidaire. Pour comprendre ce nouveau tournant, il faut lire comment Poutine articule la construction d’un ennemi extérieur à celle d’un ennemi intérieur.
L’invasion de l’Ukraine a changé le rôle des sanctions : d’instrument dissuasif, elles sont devenues monnaie d’échange. Mais si la Russie, touchée dans tous les secteurs de son économie, parvenait malgré tout à se stabiliser dans un régime sous-optimal, il pourrait devenir difficile de sortir d’une situation de blocage. Les sanctions ouvrent un pouvoir de négociation immense – le plus difficile reste de savoir l’utiliser.