Vladislav Surkov, dont la renommée en Occident semble restreinte aux cercles des spécialistes de la Russie contemporaine, est l’une des figures centrales de l’entourage de Vladimir Poutine. Ses fonctions de bras droit du président de la Fédération jusqu’à l’été 2020 lui ont valu le titre d’«  éminence grise du Kremlin  » (seryj kardinal Kremlja). Ses aptitudes de diplomate ont été mises à l’épreuve en terrain ukrainien, où son influence auprès de Viktor Janukovič en 2014 a été particulièrement remarquée. Accusé par ses critiques d’être l’un des principaux responsables de la monopolisation du pouvoir politique par le parti gouvernemental «  Russie Unie  » (Edinaja Rossija) et de l’éradication des oppositions médiatiques et politiques, il est surtout, depuis une vingtaine d’années, l’idéologue en chef du Kremlin.

L’article traduit ci-dessous est l’une de ses interventions théoriques majeures. Publiée dans la revue d’expertise géopolitique La Russie dans la politique mondiale (Rossija v global’noj politike), cette intervention de 2018 se situe précisément à mi-chemin des événements ukrainiens de 2014 et de la guerre en cours. La position qu’y exprimait Vladislav Sourkov peut être résumée en ces termes  : si l’histoire de la Russie est inextricablement liée à celle de l’Orient comme de l’Occident, ce pays-continent demeure une entité à part. La rupture de 2014, actée par la question ukrainienne et les sanctions de l’Occident, y fait figure d’acte de divorce condamnant désormais la Russie à l’isolement géopolitique. Cette dernière n’aurait plus rien à attendre de l’Occident et devrait embrasser pleinement sa destinée de «  sang-mêlé  » solitaire.

Cet article à la prose originale et apprêtée, bien loin des platitudes patriotiques qui tombent le plus souvent sous la plume des idéologues actifs dans la «  grande presse  » russe, a été amplement commenté – en Russie et ailleurs – à sa parution et diversement reçu. D’aucuns y ont vu non tant un geste de prospective géopolitique qu’une tentative de justification des erreurs accumulées par le gouvernement russe depuis 2014. D’autres se sont réjouis de voir enfin les têtes pensantes du Kremlin faire de nécessité vertu et reconnaître les destinées véritables de cet hapax historique et géopolitique que serait la Russie. Nombre de commentateurs n’ont pu cependant manquer de souligner le manque de crédibilité du divorce entre Russie et Europe prophétisé par l’auteur.

Les vues développées par Vladislav Surkov ne présentent pas qu’un caractère d’actualité immédiate. L’auteur ancre son propos dans le temps-long, convoquant des faits échelonnés entre le XVIe et le XXe siècle. Rien d’étonnant à cela, Surkov s’étant précédemment illustré par sa théorie des « quatre modèles d’État » en Russie : l’État d’Ivan III du XVe au XVIIe siècle ; l’État de Pierre le Grand du XVIIIe au XIXe siècle ; l’État de Lénine au XXe siècle et l’État de Poutine au XXIe siècle – destiné selon l’auteur à durer aussi longtemps que l’« État gaullien » dans la France de la Ve République, l’« État d’Atatürk » dans la Turquie contemporaine ou l’« État des pères fondateurs » aux États-Unis. 

Malgré ses références insistantes à la Russie ancienne, l’article de Vladislav Surkov nous ramène en réalité plus près de nous, au XIXe siècle. C’est alors que le mouvement d’occidentalisation – initié par Pierre le Grand au siècle précédent – et l’idée d’un Sonderweg russe (osobennyj puy’ Rossii), commencèrent à prendre une place écrasante dans le débat politique et culturel. Nicolas Ier (1825-1855) inaugurait alors le discours d’État sur l’identité nationale russe (narodnost’) en l’associant à l’idée d’une « Sainte Russie » (Svjataja Rus’), élue de Dieu. En parallèle, les années 1830-1840 voyaient une nouvelle génération d’intellectuels s’affronter autour de la modernisation du pays et des rapports à entretenir vis-à-vis de l’Occident. Tandis que les « occidentalistes » (zapadniki) prônaient un rapprochement, une collaboration, une émulation avec l’Europe, les « slavophiles » (slavjanofily) dotaient la Russie d’un avenir et d’une fonction historique distincts, au nom d’une contradiction insoluble entre les valeurs supposément russes et celles censément propres à l’Occident (matérialisme versus spiritualisme, individualisme versus collectivisme, raison versus foi, sentiment ou force vitale). La dialectique du retard et de l’avance entre les deux espaces et la tension entre autonomisation et intégration internationale imprégnaient encore les affrontements des socialistes russes de la fin du XIXe siècle. Le divorce annoncé par Vladislav Surkov nous ramène à ces débats obsolètes, qui ont toujours péché par deux réflexes de pensée : le déterminisme et l’essentialisme. Déterminisme : dans la vision désespérante de l’histoire qui nous est ici livrée, ce sont bien les morts qui gouvernent les vivants, « le sang », versé ou bouillant, qui commande aux destinées du présent. Essentialisme : la « Russie » dont il est question est en définitive posée comme une entité abstraite, faisant fonction d’iconostase entre les Russes et leur avenir. Dans les deux cas, ce discours révèle rien moins qu’une ontologie du social : selon ses postulats, il n’existerait pas « des Russes », animés de cultures, d’ambitions, d’imaginaires pluriels, mais une masse passive, prise dans les rets de son passé et esclave d’une entité surplombante, « la Russie ». Toujours agis, jamais acteurs, leurs destinés demeureraient ainsi entre les mains des tsars qui, seuls, parlent la voix de la mère-Russie, de la Sainte-Russie, de la Russie atomique également, celle dont le présentateur de la chaîne gouvernementale Dmitrij Kiselëv disait, ce dimanche 27 février, en exaltant la force de destruction nucléaire du pays : « Que nous importe le monde si la Russie n’y existe plus ? » – ou, en d’autres termes : « Que périsse le monde avec la Russie ». L’avenir jugera cette ontologie serve, atone émanation de l’autocratie au pouvoir, et dira si les Russes, eux, se reconnaîtront dans cette irréalisable « solitude ».

Il existe bien des sortes de métiers, dont certains auxquels on ne peut s’adonner que dans un état légèrement différent de la normale. C’est ainsi, par exemple, qu’un prolétaire de l’industrie de l’information, simple pourvoyeur de nouvelles fraîches, est en règle générale une personne au cerveau frénétique, vivant dans une sorte de fébrilité permanente. Rien d’étonnant à cela, puisque c’est le secteur de l’information tout entier qui vit dans une course contre la montre  : il faut tout savoir avant les autres, communiquer sur tout avant les autres, tout interpréter avant les autres.

Ces mêmes informateurs diffusent leur fébrilité à ceux qu’ils informent. Dans le même temps, ceux qui en sont atteints prennent souvent leur état de fébrilité pour une véritable démarche intellectuelle, lorsqu’il ne vient pas s’y substituer totalement. D’où leur tendance à éliminer de leur environnement des objets aussi durables que les «  convictions  » et les «  principes  », au profit d’«  opinions  » jetables. D’où, également, l’incohérence totale de leurs prévisions – laquelle, du reste, ne semble gêner personne. Tel est le prix de la précipitation et de la primeur de l’information.

Rares sont ceux qui savent percevoir le silence moqueur du destin, étouffé par le bruissement continu des médias. Rares sont ceux qui prêtent attention aux informations lentes et massives, celles qui ne surgissent pas de l’écume de la vie, mais de ses profondeurs, du lieu où se meuvent et se heurtent les structures géopolitiques et les époques historiques. Si leurs significations ne nous apparaissent qu’après les faits, il n’est jamais trop tard pour en prendre connaissance.

La quatorzième année du siècle en cours s’est rendue mémorable par une série de réalisations majeures et marquantes, connues de tous et sur lesquelles tout a été dit. Mais ce n’est que maintenant que l’événement fondamental de cette année se révèle à nous, que son enseignement tardif et profond nous parvient. Cet événement n’est autre que la fin de l’épique voyage de la Russie vers l’Ouest, l’aboutissement de ses tentatives aussi nombreuses que stériles de s’intégrer à la civilisation occidentale, de s’unir à la «  bonne famille  » des peuples européens. 

Cette quatorzième année de notre siècle a inauguré une nouvelle ère, d’une durée encore inconnue, «  l’ère 14+  », qui nous réserve cent, deux cents, trois cents ans, qui sait, de solitude géopolitique.

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Depuis quatre siècles, aucune piste n’a été négligée pour l’occidentalisation de la Russie, initiée en toute légèreté par le «  faux Dmitrij  » et poursuivie avec résolution par Pierre Ier. Que la Russie n’a-t-elle pas fait pour mimer tantôt la Hollande, tantôt la France  ; pour devenir tantôt l’Amérique, tantôt le Portugal  ? Quels efforts n’a-t-elle pas entrepris pour s’insérer pleinement dans l’Occident  ? Tous les soubresauts qu’a connus l’Occident et toutes les idées qui nous en sont parvenues ont été accueillis par notre élite avec un enthousiasme phénoménal – et peut-être en partie excessif.

Lžedmitrij ou «  le faux Dmitrij  », tsar de 1605 à 1606 pendant la période du «  Temps des Troubles  », appuyé par le roi de Pologne. Voir notamment Yves-Marie Bercé, Le Roi caché. Sauveurs et imposteurs  : mythes politiques populaires dans l’Europe moderne, Paris, Fayard, 1990.

Nos autocrates se sont obstinés à épouser des Allemandes  ; notre noblesse impériale et notre bureaucratie se sont peuplés d’«  étrangers errants  ». Mais si les Européens se sont massivement et rapidement russisés au contact de la Russie, les Russes ne se sont aucunement européanisés.

L’expression «  brodjažnye inozemcy  » provient sans doute du poème «  Russkij Bog  » (Le Dieu Russe) de Pëtr Vjazemskij (1792-1878).

De triomphes en sacrifices, l’armée russe a combattu dans toutes les grandes guerres de l’Europe, dont l’expérience montre qu’elle peut bien être regardée comme le continent le plus enclin aux violences de masse et le plus prompt aux bains de sang. Ces grandes victoires et ces grands sacrifices nous ont rapporté bien des territoires occidentaux, mais pas le moindre ami. 

Au nom des valeurs européennes (alors de nature religieuse-monarchique), Saint-Pétersbourg a initié et garanti la Sainte Alliance des trois monarchies. C’est en toute conscience qu’elle a rempli ses devoirs d’alliée lorsqu’il a fallu sauver les Habsbourg de l’insurrection hongroise. Mais lorsque la Russie elle-même s’est trouvée en fâcheuse posture, l’Autriche qu’elle venait de secourir a non seulement refusé d’apporter son aide, mais elle s’est même retournée contre son alliée.

L’auteur évoque la position de l’Autriche-Hongrie durant la guerre de Crimée (1853-1856), où elle prit le parti de la coalition formée contre l’Empire russe. Un an après l’insurrection hongroise de 1849 contre l’Empire d’Autriche de François-Joseph, une armée de 150 000 soldats russes commandés par le général Paskevič a ramené la Hongrie dans le giron de l’Empire.

Par la suite, les valeurs européennes se sont renversées  : c’est Marx qui devenait à la mode à Paris et Berlin. Certains habitants de Simbirsk et de Janovka voulaient qu’il en fût de même en Russie. Ils étaient terrifiés à l’idée de se laisser distancer par l’Occident, alors épris de socialisme. Ils redoutaient tellement que la révolution mondiale, supposément placée sous la conduite des ouvriers européens et américains, passe à côté de leur trou reculé. Ils ont fait tout leur possible. Mais lorsque les bourrasques de la lutte des classes se sont apaisées, l’URSS, construite au prix d’ahurissants efforts, a constaté que la révolution mondiale n’avait pas eu lieu, que le monde occidental n’était pas devenu un monde paysan-ouvrier, mais bien l’inverse, un monde capitaliste, et qu’il faudrait dès lors soigneusement dissimuler les symptômes grandissants d’un socialisme autistique derrière un rideau de fer.

 Simbirsk et Janovka sont les lieux de naissance respectifs de Lénine et Trotsky.

À la fin du siècle dernier, la Russie s’est lassée de son isolement et a de nouveau cherché à intégrer l’Occident. Manifestement, notre taille s’est révélé un élément d’importance. Trop grands, trop effroyablement tentaculaires, nous ne tiendrons tout simplement pas dans l’Europe. Par conséquent, il convenait de diminuer le territoire, la population, l’économie, l’armée, les ambitions aux proportions d’un quelconque pays d’Europe centrale, et alors on nous compterait parmi les siens. Nous nous sommes diminués. On croyait alors en Hayek aussi durement qu’on avait jadis cru en Marx. Notre potentiel démographique, industriel et militaire a été réduit de moitié. Nous nous sommes séparés des républiques de l’Union et nous avons commencé à nous séparer des républiques autonomes… Mais même cette Russie-là, amoindrie et humiliée, n’a pas trouvé sa place dans le grand virage vers l’Ouest. 

On s’est finalement résolu à mettre un terme à l’amoindrissement, à l’humiliation et, plus encore, à faire valoir ses droits. Les événements de 2014 sont alors devenus inévitables. 

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En dépit des similitudes de façade entre les modèles culturels russe et européen, ils ne fonctionnent pas avec le même logiciel, les mêmes interfaces. Il ne leur est pas donné de former un système commun. Aujourd’hui que ce pressentiment est devenu un fait incontestable, on entend poindre des suggestions  : pourquoi ne pas nous tourner vers l’autre direction  ? Vers l’Asie, vers l’Est  ? 

Ce n’est pas nécessaire, pour une raison très simple  : la Russie y a déjà été. 

Le proto-empire de Moscou est né d’une complexe collaboration militaro-politique avec la Horde d’Asie – un cadre que certains tendent à qualifier de «  joug  », d’autres d’«  alliance  ». Joug ou alliance, libre ou subi, le vecteur oriental de développement a bel et bien été choisi et éprouvé. 

Même après la «  grande halte sur l’Ugra  », le Tsarat de Russie continuait à faire fondamentalement partie de l’Asie. Il s’adjoignait volontiers des terres orientales. Il revendiquait l’héritage de Byzance, cette Rome d’Asie. Il se trouvait sous l’influence écrasante d’illustres familles venues de la Horde.

La « grande halte sur l’Urgea » est un événement de 1480 marquant classiquement la fin de la domination tatare sur la Russie (1236-1480).

L’acmé de l’asiatisme moscovite a été la nomination du khan de Qasim, Simeon Bekbulatovič, comme grand-prince de toutes les Russies. Les historiens, qui ont pour habitude de regarder Ivan le Terrible comme une sorte d’«  oberiut  » au bonnet de Monomaque, attribuent exclusivement ses «  écarts  » à sa nature légère, mais la réalité était plus sérieuse. Après le Terrible s’est constitué un solide parti de cour qui militait pour que Simeon Bekbulatovič devienne tsar. Boris Godunov a dû exiger qu’au moment de lui prêter serment les boyards renoncent à prétendre porter Simeon Bekbulatovič et sa descendance sur le trône. En d’autres termes, le gouvernement se trouvait à deux doigts de passer sous la coupe d’une dynastie de Gengiskhanide évangélisés et de consacrer le paradigme «  oriental  » de développement.

Simeon Bekbulatovič, grand-prince de toutes les Russies en 1575-1576, est d’origine tatare. 

« Oberiut » est le nom des membres de l’OBERIU (Ob’’edinenie Real’nogo Iskusstva / Association pour l’art réel), groupe littéraire des années 1920-1930, aux manifestations souvent burlesques et provocatrices. Quant au bonnet de Monomaque, il s’agit de la couronne traditionnelle des grands-princes et des tsars de Russie.

Les boyards sont une classe aristocratique de certains pays orthodoxes d’Europe de l’Est, dont la Russie.

Cependant, ni Bekbulatovič, ni les Godunov (descendants d’une noble famille tatare) ne devaient avoir d’avenir. Le temps était venu de l’invasion polono-cosaque, qui porta à Moscou de nouveaux tsars venus de l’Ouest. Quelle qu’ait été la brièveté des règnes du faux Dmitrij – bien avant que Pierre n’irrite les boyards par ses manières européennes – et du prince polonais Vladislav, ces règnes sont hautement symboliques. À leur lumière, la période des Troubles n’apparaît plus comme une crise dynastique, mais comme une crise de civilisation. La Russie s’est détachée de l’Asie pour commencer sa translation vers l’Europe. 

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Ainsi, la Russie a cheminé vers l’Orient pendant quatre siècles et pendant quatre siècles encore vers l’Occident, sans prendre racine ni ici, ni là. Elle a parcouru les deux chemins. Elle se donnera désormais des théories de la troisième voie, du troisième type de civilisation, du troisième monde, de la troisième Rome…

Et pourtant, nous ne sommes sans doute pas une troisième civilisation. Plus vraisemblablement, une civilisation double et ambivalente. Implantée à l’Est et à l’Ouest, à la fois européenne et asiatique, sans être pleinement asiatique ni tout à fait européenne. 

Notre appartenance culturelle et géopolitique rappelle l’identité vagabonde d’une personne issue d’un mariage mixte. Partout, elle est «  de la famille  », sans être nulle part «  la famille  ». Chez elle parmi les étrangers  ; un étranger parmi les siens. Capable de comprendre tout le monde mais incompris de tous. Sang-mêlé, métis, étrange. 

La Russie est bien ce pays-bâtard, occidentalo-oriental. Avec sa forme étatique bicéphale, sa mentalité hybride, son territoire intercontinental, son histoire bipolaire, elle est, comme tous les sangs mêlés, charismatique, talentueuse, belle et solitaire. 

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Les mots les plus remarquables qu’ait prononcés Alexandre III, «  la Russie n’a que deux alliés  : l’armée et la flotte  », sont peut-être la métaphore la plus limpide de la solitude géopolitique qu’il est grand temps que la Russie embrasse comme son destin propre. On peut bien sûr étendre à volonté la liste de ses alliés  : nos ouvriers et nos enseignants, le pétrole et le gaz, la classe créative et les bots patriotiques, le «  général Givre  » et l’archistratège Mikhail… Le fond reste le même  : nous sommes nos propres alliés.

Le « général Givre » est l’un des noms donnés à l’hiver, allié des Russes contre les envahisseurs.  « L’archistratège » est l’une des épiclèses de l’archange saint Michel dans le christianisme orthodoxe.

De quoi sera faite cette solitude à venir  ? Sera-t-elle la vie végétative d’un paysan solitaire au milieu de nulle part  ? Ou bien la solitude heureuse du chef, d’une alpha-nation qui va de l’avant, devant laquelle «  les autres peuples et nations se rangent à l’écart et livrent passage  »  ? Cela dépend de nous.

Citation des Âmes mortes de Nikolaj Gogol’ (conclusion du chapitre XI du tome I).

La solitude ne signifie pas l’isolement total, mais l’ouverture infinie n’est pas envisageable non plus  : chacune de ces options reviendrait à reproduire des erreurs passées. Or, le futur connaîtra ses propres erreurs  ; celles du passé ne lui sont d’aucune utilité.

La Russie, sans aucun doute, va commercer, attirer des investissements, échanger des savoirs, combattre (car la guerre est aussi une manière de communiquer), prendre part à des projets communs, intégrer des organisations, rivaliser et collaborer, susciter de la peur et de la haine, de la curiosité, de la sympathie, de l’admiration. Seulement, elle le fera sans faux objectifs et sans désamour de soi.

Cela sera difficile  ; plus d’une fois nous reviendra ce grand classique de la poésie nationale  : «  Tout autour, des ronces, des ronces, des ronces… p**ain, quand viendront les étoiles  ?  ».

Paroles tirées de la chanson «  Nevaljaška  » du rappeur russe Oxxxymiron (2013), lequel a récemment annulé une série de concerts à Moscou et Saint-Pétersbourg en signe de protestation contre la guerre en Ukraine.

Ça sera quelque chose à voir… Et il y aura des étoiles.

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