Suite à l’invasion russe de l’Ukraine de février 2022, les États membres et les États-Unis ont imposé des sanctions massives à l’encontre de la Russie, qui limitent drastiquement les produits que les entreprises sont autorisées à exporter vers le marché russe.

  • La Russie est désormais visée par près de 20 000 sanctions distinctes, dont environ un quart émane des États-Unis — qui disposent d’ailleurs de sanctions actives contre plus de la moitié du monde.
  • La plupart de ces mesures concernent des secteurs essentiels à l’économie russe et à sa machine de guerre : communication, industrie, technologie, énergie, etc.
  • Si les sanctions ont un impact direct sur l’industrie russe — et notamment sa capacité de fabriquer de nouvelles armes —, Moscou s’appuie sur un vaste réseau de pays voisins pour les contourner.

En à peine un an, entre 2022 et 2023, le montant des exportations européennes vers la Russie a été divisé par quatre et est ainsi revenu à son niveau d’il y a vingt ans. À l’inverse, les entreprises européennes semblent avoir trouvé de nouveaux marchés en Asie centrale et dans le Sud du Caucase, comme au Kirghizistan, qui a importé l’an dernier l’équivalent de 2,7 milliards d’euros de biens européens — soit 10 fois plus qu’en 2021.

  • Le Kirghizistan, qui compte moins de 7 millions d’habitants, n’est pas le seul à servir de pays de transit pour les produits européens en direction de la Russie.
  • Les plus fortes hausses se retrouvent dans des biens qui ne peuvent — ou, du moins, difficilement — être fournis par d’autres partenaires de la Russie, comme la Chine, la Corée du Nord ou l’Iran.
  • Ainsi, les exportations allemandes de pièces pour voitures vers l’Ouzbékistan, l’Arménie, le Kazakhstan, le Tadjikistan ou la Géorgie ont elles aussi plus que doublé entre 2021 et 2023.

La valeur des exportations européennes vers ces pays reste faible, et ce nouveau flux ne compense qu’un tiers de la baisse des exportations directes de l’Union vers la Russie, selon la Brookings Institution1. Ce commerce indirect permet néanmoins à l’industrie russe de continuer de produire et de réparer les armes et véhicules utilisés sur le front en Ukraine. 

Sources
  1. Robin Brooks, Threats to global economic security : Weak sanctions implementation and high debt, Brookings Institution, 11 avril 2024.