Paul Kagamé, le président du Rwanda, a invité aux commémorations tous les chefs d’État du continent à l’exception notable de Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo et d’Évariste Ndayishimiye, président du Burundi, avec lesquels le Rwanda a des disputes frontalières.

  • Les dirigeants de la Chine, des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Israël ont été conviés. Vladimir Poutine n’a quant à lui pas été invité à participer.
  • Le ministre des Affaires étrangères français, Stéphane Séjourné, représentera Emmanuel Macron tandis que Nicolas Sarkozy, proche de longue date du président rwandais, sera également présent. En 2021, le Rapport Duclert avait conclu à « des responsabilités lourdes et accablantes » de la France dans le processus qui a conduit au génocide des Tutsi.
  • Si le Président français ne sera pas physiquement présent à Kigali — il assistera au même moment à un hommage aux résistants français du maquis de Glières —, l’Élysée a fait savoir à la presse que le chef de l’État diffuserait aujourd’hui, le 7 avril, un message vidéo.
  • Dans cette allocution, il devrait rappeler que « lorsque la phase d’extermination totale contre les Tutsi a commencé », « la communauté internationale avait les moyens de savoir et d’agir ». Allant pour la première fois aussi loin dans la reconnaissance d’une responsabilité française dans le génocide des Tutsi, il devrait affirmer que « la France, qui aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, n’en a pas eu la volonté ».
  • Le Premier ministre tchèque, Petr Fiala, le président du Conseil européen Charles Michel ainsi qu’Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, seront également présents.

Les commémorations, prévues sur tout le territoire rwandais, s’étaleront sur une semaine. Pendant cette période de deuil, la diffusion d’événements sportifs et de films qui ne sont pas liés aux commémorations sera interdite, tandis que les drapeaux des bâtiments publics seront mis en berne.

Dans un entretien publié à l’occasion du 25e anniversaire du génocide, l’artiste franco-rwandais Gaël Faye nous confiait : « Le mois d’avril change l’atmosphère du pays, comme si une chape de plomb tombait sur tout le monde. Il y a une recrudescence des absences au travail, des gens qui ont des ulcères à l’estomac et qui somatisent énormément. Certains rescapés quittent le pays à ce moment-là, ceux qui ne veulent pas participer aux commémorations et qui, pour certains, sont agacés par leur côté officiel, agacés d’entendre la parole du chef d’État, au détriment peut-être d’un silence et d’une écoute des survivants. Il y a aussi toute la population Hutu, pour qui le problème est plus difficile à soulever. Il y a des gens qui éteignent la radio où l’on entend des commémorations, des chants de souvenir, où on égrène les noms des disparus ». 

Les Rwandais voteront pour l’élection présidentielle le 15 juillet — l’actuel président Paul Kagamé est candidat à sa réélection, pour laquelle il est le grand favori.

  • Les tensions avec la République démocratique du Congo se sont accentuées ces derniers mois alors que la RDC lutte contre les milices du M23 dans le Nord-Kivu, à proximité de la frontière avec le Rwanda.

À l’occasion de ce trentième anniversaire, le Grand Continent a publié un entretien exceptionnel avec la romancière rwandaise Scholastique Mukasongo et compilé un dossier spécial : « Rwanda : 30 ans après le génocide des Tutsi ».