Le conflit entre le M23 et les forces armées gouvernementales congolaises est en train d’escalader. 

  • Le M23 a lancé début février une offensive dans la ville de Saké, à 24 kilomètres du chef-lieu de la région, Goma, à la frontière avec le Rwanda.
  • Goma est aujourd’hui menacée par l’avancée du M23, alors que 400 000 déplacés internes — dont des habitants de Saké —  s’y trouvent d’après les Nations unies1. La province comptait 1,6 millions de déplacés au 21 février2.
  • Les exactions commises dans le cadre du conflit par les deux belligérants ont été régulièrement pointées du doigt par les Nations unies et les ONG de défense des droits humains.
  • Human Rights Watch a notamment condamné en 2023 les exactions du M23 ainsi que celles de « milices à caractère ethnique » avec lesquelles l’armée congolaise « collabore »3.

La cheffe de la mission des Nations unies en République démocratique du Congo a alerté le 20 février sur le risque d’« extension régionale » du conflit au Nord-Kivu. Le M23, acteur non étatique, est notamment soutenu par le Rwanda — comme l’a confirmé un rapport du groupe d’experts présenté au Conseil de Sécurité en juin 2023.

  • Le Nord-Kivu est riche en ressources minières dont l’étain, le coltan (dont sont issus le niobium et le tantale), le cobalt et l’or. 
  • L’implication du Rwanda de Paul Kagame est par ailleurs historiquement liée à la présence en RDC des Forces Démocratiques de Libération (FDLR), groupe armé hutu formé dans le sillage du génocide de 1994 et opposé au régime en place.

Tshisekedi a rencontré mardi 27 février le président angolais João Lourenço, qui tente de s’imposer comme médiateur dans le conflit.

  • Le Rwanda continue de nier son implication via le soutien aux forces du M23. 
  • Tshisekedi s’est dit ouvert à une rencontre avec Kagame, mais aucune date n’a été fixée. 
  • En parallèle, la Communauté de développement d’Afrique australe (CDAA) a lancé une mission d’intervention militaire le 15 décembre 2023, pour un an, alors que Tshisekedi a requis le retrait de la mission des Nations unies MONUSCO. La mission a commencé son désengagement et fermé sa première base le mercredi 28 février4.
  • Deux militaires des troupes sud-africaines déployées dans le cadre de la mission de la CDAA ont été tués le 14 février. L’Afrique du Sud a annoncé qu’elle enverrait au total 2 900 soldats dans la région5

Une délégation du gouvernement congolais s’est rendue à Goma cette semaine, déclarant avoir « reçu le cri d’alarme de [ses] compatriotes du Nord-Kivu »6

  • Une manifestation a eu lieu le 19 février à Goma pour protester contre les conditions sécuritaires et appeler à davantage d’action du gouvernement.
  • Les manifestants ont également critiqué « le soutien » des pays occidentaux au Rwanda, visant notamment l’Union européenne et les États-Unis. 
  • Le président Tshisekedi a lui-même publiquement critiqué un protocole d’accord entre l’Union et le Rwanda sur les « chaînes de valeur durables pour les matières premières » annoncé le 19 février7. Accusant le Rwanda de s’accaparer les ressources minières du Nord-Kivu, le président a déclaré que ce protocole plaçait l’Europe dans une sorte de « guerre par procuration » et s’apparentait à un « encouragement » vis-à-vis des exacgrapons du Rwanda. 

Alors que le président congolais Félix Tshisekedi a été réélu en décembre 2023, une élection présidentielle est prévue au Rwanda le 15 juillet 2024, au cours de laquelle Paul Kagamé briguera son quatrième mandat.