Deux ans après le lancement de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022, les positionnements des États vis-à-vis du conflit n’ont que relativement peu changé. 

Quelques exceptions existent néanmoins dans l’Union et au-delà : 

  • Hongrie. Le gouvernement de Viktor Orban n’a jamais été un grand soutien de l’Ukraine et n’a pas adopté de sanctions bilatérales vis-à-vis de la Russie. Cependant, tandis que le Premier ministre hongrois avait condamné les agissements russes durant les premières heures de l’invasion, celui-ci a bloqué l’enveloppe européenne de 50 milliards d’aide à l’Ukraine à la fin de l’année dernière avant de finalement céder le 1er février 2024. Avec Chypre, la Hongrie est le seul État-membre dont le chef d’État, de gouvernement ou le ministre des Affaires étrangères n’a pas prononcé de discours ou produit une déclaration à l’occasion du deuxième anniversaire de l’invasion russe.
  • Slovaquie. L’arrivée au pouvoir de Robert Fico en octobre 2023 a substantiellement modifié la position du pays vis-à-vis de l’invasion russe. En février 2022, l’ancien Premier ministre Eduard Heger condamnait fermement « l’impérialisme » russe et apportait son soutien à Kiev, où il se rendit dès le mois de mars. Bratislava a également fourni un certain nombre d’équipements militaires à l’Ukraine au cours des premiers mois de l’invasion (avions, système anti-aérien S-300, radars, missiles, blindés…). Fico est quant à lui une figure pro-russe qui a largement plaidé pour l’arrêt de l’assistance slovaque à l’Ukraine lors de sa campagne. S’il a pris publiquement la parole à l’occasion du deuxième anniversaire de l’invasion, c’était pour offrir un discours « alternatif » à celui mis en avant par « les médias libéraux et certains hommes politiques occidentaux » sur le conflit1.

Hors d’Europe, peu de changements notables vis-à-vis du conflit ont eu lieu au cours depuis février 2022. Quelques exemples existent toutefois : 

  • Arménie. L’affaiblissement de l’influence russe dans le Caucase ainsi que la dégradation des relations entre Erevan et Moscou dans le contexte de l’invasion azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh a conduit l’Arménie à annoncer en septembre 2023 une aide humanitaire à Kiev pour la première fois depuis février 2022. Le ministère des Affaires étrangères russe a convoqué l’ambassadeur arménien suite à cette annonce.
  • Burkina Faso. En février 2022, Ouagadougou avait condamné via un communiqué de la Cedeao l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Depuis, le Burkina a annoncé son retrait de l’organisation économique aux côtés du Mali et du Niger, et la junte au pouvoir depuis septembre 2022 a récemment renforcé sa coopération avec la Russie dans le sillage de la fin des opérations françaises dans le pays. En octobre 2023, le Burkina a notamment signé avec la Russie un accord visant à construire une centrale nucléaire dans le pays2.
  • Iran. La relation entre Moscou et Téhéran n’a pas été sensiblement modifiée par la guerre. Cependant, on peut considérer que l’Iran s’oriente plus vers une position de « soutien » que de simple « absence de condamnation ». Le 24 février 2022, le ministre des Affaires étrangères iranien attribuait la responsabilité de l’invasion à l’OTAN et se contentait d’appeler à la mise en place d’un cessez-le-feu sans évoquer directement les actions russes. Depuis, des révélations ont mis en lumière la livraison par Téhéran de plusieurs centaines de missiles balistiques à Moscou dont une partie est utilisée contre les civils ukrainiens, tandis que Téhéran aide la Russie à construire une usine de fabrication de drones iraniens Shahed sur le territoire russe3.
  • Bangladesh. Dacca n’avait pas condamné la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine en février 2022. Les deux pays entretiennent des liens forts, notamment autour de la construction par Rosatom de la centrale nucléaire de Rooppur. En avril 2023, la Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 2009, condamnait pour la première fois la Russie en dénonçant une « violation du droit international »4.

Certains pays comme l’Inde, le Brésil ou la Chine continuent d’adopter une posture de « neutralité » qui traduit en réalité un désir de conserver leurs liens économiques avec la Russie — qui se sont approfondis depuis 2022 — tout en évitant de s’aliéner la communauté internationale et les soutiens de l’Ukraine. Malgré l’affirmation d’une « amitié sans limites » entre Pékin et Moscou en février 2022, la Chine n’a cependant pas livré à ce jour de matériel militaire à la Russie.

Sources
  1. Vidéo Facebook de Robert Fico, 24 février 2024.
  2. « Burkina Faso signs agreement with Russia for nuclear power plant », France24, 13 octobre 2023.
  3. Parisa Hafezi, John Irish, Tom Balmforth et Jonathan Landay, « Iran sends Russia hundreds of ballistic missiles », Reuters, 21 février 2024.
  4. Kamran Reza Chowdhury, « Bangladesh shifts position on Ukraine war, says it’s ‘violation of international law’ », Benar News, 24 avril 2023.