Les sondages du Levada Center révèlent que la population russe a toujours majoritairement soutenu la guerre en Ukraine. Si l’on additionne la part de sondés déclarant « absolument » et « plutôt » soutenir « les actions des forces militaires russes en Ukraine », la proportion a augmenté en novembre 2023 (74 %) par rapport à février 2022 (68 %).

La structure du soutien à l’action de Vladimir Poutine est néanmoins plus complexe, deux ans après l’invasion du 24 février 2022.

  • Entre mai et novembre 2023, la part de Russes sondés se déclarant en faveur de négociations de paix avec l’Ukraine a augmenté d’un quart, passant de 45 % à 57 %1.
  • Cette augmentation observée l’an dernier est à mettre en miroir avec le constat dressé par les médias russes Meduza et Mediazona dans leur dernière enquête : même si la ligne de front est restée quasiment gelée en 2023, les pertes russes ont plus que doublé par rapport à l’année précédente, passant de 24 000 morts à plus de 50 000 l’an dernier2.
  • Au même moment, Volodymyr Zelensky déclarait que 31 000 soldats ukrainiens ont été tués au combat depuis février 2022 — 13 000 en 2022 et 18 000 en 20233.

Il est intéressant de constater que l’augmentation parmi la population russe du souhait d’entamer des négociations de paix avec l’Ukraine n’entre pas en opposition avec le soutien à la guerre elle-même, suggérant une forme de résignation vis-à-vis de ce que la société russe serait en droit d’espérer de Vladimir Poutine.

  • Selon la dernière enquête de Chronicles, un projet de recherche lancé par l’opposant au Kremlin Aleksei Miniailo, une majorité de Russes souhaite la fin de la guerre et des sanctions — mais ne pense pas être en mesure de les obtenir si Poutine reste au pouvoir4.
  • Il convient de noter que les 1 602 personnes sondées ne s’attendent pas à ce que leur « candidat idéal » à la présidence soit parfaitement aligné sur les envies de la société russe : dans tous les scénarios, celui-ci se trouve plus ou moins à mi-chemin entre ce à quoi les électeurs s’attendent de la part de Poutine en cas de victoire et ce que ces derniers souhaitent.
  • Dans les scénarios relevant de la guerre et de ses conséquences, les réponses indiquent une forme de résignation : 50,6 % souhaitent un rétablissement des relations avec l’Occident, mais seulement 32 % pensent qu’un candidat autre que Poutine sera en mesure d’y arriver.

Ce candidat « idéal » ne relève dans tous les cas que d’un scénario fictif. Depuis l’invasion du 24 février 2022, la répression de l’opposition s’est renforcée en Russie : le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, est mort le 16 février, tandis que d’autres figures de l’opposition, comme Ekaterina Duntsova, n’ont même pas été autorisées à se présenter à l’élection présidentielle.