Depuis 1980, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) recense et évalue les coûts des catastrophes météorologiques qui frappent le pays. Dans son rapport mensuel publié lundi 11 septembre, l’agence a établi que « 23 catastrophes météorologiques et climatiques d’une valeur d’un milliard de dollars ont été confirmées cette année, soit le plus grand nombre d’événements jamais enregistrés au cours d’une année civile »1.

  • Si l’incendie ayant frappé Hawaï en août ou bien l’ouragan Idalia qui a pris fin au début du mois de septembre ont eu un impact dévastateur, ce sont les tempêtes qui représentent 78 % du total des catastrophes majeures aux États-Unis cette année — et 75 % du coût total associé.
  • Celles-ci frappent principalement les États du Midwest (Wisconsin, Illinois, Indiana, Iowa…) ainsi que le Sud du pays : Texas, Oklahoma et Arkansas.
  • Les États du Nord-Ouest (Vermont et New York principalement) et la Californie ont quant à eux principalement été touchés par des inondations dont le coût total depuis le début de l’année est estimé à 6,7 milliards de dollars.

Bien que le nombre de catastrophes climatiques et météorologiques ayant frappé les États-Unis est le plus élevé depuis 1980 — tandis qu’il reste plus de trois mois avant la fin de l’année civile —, leur coût total est relativement faible par rapport aux pics atteints en 2005 et 2017, lorsque les ouragans Maria et Harvey avaient causé plus de 3 000 morts et 266 milliards de dollars de dégâts. NOAA précise cependant que ce décompte est préliminaire, les calculs n’ayant pas été finalisés pour quantifier les dégâts causés par l’ouragan Hilary et les sécheresses qui frappent le Midwest et le Sud du pays depuis le Printemps2.

  • Cette augmentation du nombre de catastrophes climatiques et météorologiques traduit une tendance globale causée par le réchauffement climatique.
  • Dans un rapport publié en septembre 2021, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) estimait que le nombre de catastrophes d’origines météorologiques avait été multiplié par quatre en 2019 par rapport à 1970.

Afin de mieux identifier et anticiper les risques météorologiques et climatiques à l’échelon local, la Federal Emergency Management Agency (FEMA) a lancé en 2021 son National Risk Index. Celui-ci agrège l’exposition des comtés américains à 18 risques naturels en leur attribuant un score sur une échelle allant jusqu’à 100. Les États les plus exposés à la montée des eaux, aux ouragans et aux inondations concentrent une part importante des comtés aux scores les plus élevés, tandis que « des dizaines de millions de personnes vivent déjà dans des zones exposées au risque d’inondation côtière aux États-Unis »3.

Depuis 1980, ce sont ces mêmes États côtiers qui ont été le plus impactés financièrement et humainement par ces catastrophes météorologiques.

  • En Floride — le deuxième État le plus touché après le Texas —, le gouverneur républicain et candidat à la primaire républicaine Ron DeSantis semble avoir adopté la ligne « traditionnelle » du GOP en ce qui concerne le changement climatique, avant tout présenté comme un phénomène « naturel »4.
  • Cette posture, particulièrement remarquée lors du premier débat de la primaire républicaine qui s’est tenu à la fin du mois d’août, est en contradiction avec de précédentes déclarations du candidat qui remontent à 20185.
  • Le gouverneur du Texas — également dominé par le Parti républicain — Greg Abbott a lui aussi exprimé à plusieurs reprises son scepticisme vis-à-vis des origines et conséquences du changement climatique, tandis que l’État vient de connaître son deuxième été le plus chaud depuis 19856.

Selon un sondage conduit en mai dernier par le Pew Research Center, 26 % des Américains considèrent que le réchauffement climatique est avant tout un « phénomène naturel » et 14 % ne « croient pas » que la Terre se réchauffe7. Les électeurs républicains sont les plus réticents à qualifier « d’extrêmes » des phénomènes météorologiques, et seulement une minorité considère que ces derniers sont provoqués par le changement climatique8.

Sources
  1. Assessing the U.S. Climate in August 2023, NOAA, 11 septembre 2023.
  2. Billion-Dollar Weather and Climate Disasters, NOAA.
  3. Global and Regional Sea Level Rise Scenarios for the United States, NOAA, février 2022.
  4. Nicholas Nehamas et Patricia Mazzei, « DeSantis, Leading a State Menaced by Climate Change, Shrugs Off the Threat », The New York Times, 8 septembre 2023.
  5. Steve Patterson, « DeSantis : State must prepare for effects of high water », The Florida Times-Union, 16 octobre 2018.
  6. Erin Douglas et Yuriko Schumacher, « Texas just recorded its second hottest summer on record », The Texas Tribune, 7 septembre 2023.
  7. Giancarlo Pasquini, Alison Spencer, Alec Tyson et Cary Funk, « Why Some Americans Do Not See Urgency on Climate Change », Pew Research Center, 9 août 2023.
  8. Amudalat Ajasa, Scott Clement et Emily Guskin, « Democrats and Republicans deeply divided on extreme weather, Post-UMD poll finds », The Washington Post, 23 août 2023.