1. Le pari d’investir sur tous les continents

Aujourd’hui, 155 pays sont membres de l’Initiative Belt and Road, nom anglais des nouvelles routes de la soie, dont la quasi-totalité des pays d’Afrique (à l’exception de l’Eswatini) et d’Asie (exceptés l’Inde, le Japon, Israël et le Bhoutan), auxquels s’ajoutent également 32 organisations internationales. 

  • L’année 2018 a été marquée par le plus grand nombre d’adhésions, dont 25 signatures de pays d’Afrique subsaharienne. 
  • La pandémie de Covid-19 a marqué un arrêt net des nouvelles entrées, avec une faible reprise en 2021 et 2022. L’Afghanistan est le seul pays à avoir rejoint les nouvelles routes de la soie en 2023. 

2. L’énergie et les transports : premiers postes d’investissement

Sur les dix années d’existence des nouvelles routes de la soie, les deux secteurs les plus importants en termes de volume d’investissement sont restés l’énergie et le transport. 

  • Ils ont systématiquement représenté plus de 50 % des investissements, suivis sur la majorité des années de la métallurgie et des mines, et de l’immobilier. 
  • En 2022, le secteur des technologies a représenté une part inédite de 16 % des investissements, une augmentation significative par rapport à toutes les années précédentes. 

3. Un net ralentissement post-pandémie

Le volume des investissements engagés par la Chine est resté à un niveau stable entre 2014 et 2019. 

Après une baisse drastique, de plus de 40 %, lors de la première année de la pandémie de Covid-19, le volume d’investissements n’a toujours pas retrouvé son niveau pré-pandémie.

4. Europe, de l’enthousiasme au retrait

L’intégration des pays d’Europe centrale et orientale aux nouvelles routes de la soie a jusqu’à maintenant été un succès pour la Chine, mais l’expansion du projet en Europe devrait connaître un coup d’arrêt cette année. 

  • L’Europe est une destination clef pour les nouvelles routes de la soie, en raison de l’importance du volume des échanges entre le continent et Pékin. Les premiers pays de l’Union européenne à avoir signé un accord d’adhésion à l’Initiative sont la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, la République tchèque et la Slovaquie, dès 2015. Au Sud, la Grèce et le Portugal y ont adhéré en 2018, puis l’Italie en 2019. Aujourd’hui, 17 États membres de l’Union européenne font partie de l’Initiative1
  • Malgré la participation des pays d’Europe centrale et de l’Est, les investissements chinois restent concentrés dans les pays de l’Ouest : en 2021, les Pays-Bas ont reçu la plupart des investissements chinois, suivis par l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. En 2021, ces trois dernières ont représenté 39 % du total des investissements chinois en Europe2. En 2022, 68 % des investissements ont été réalisés dans trois pays seulement, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne3.
  • L’Italie, premier et seul pays du G7 à avoir rejoint les nouvelles routes de la soie, souhaite désormais se retirer de l’accord, un retrait qui devrait être officialisé avant la fin de l’année 2023. 

5. La croissance de la dette détenue par la Chine

La croissance du stock de dette détenue par la Chine à l’échelle mondiale, parfois qualifiée de « piège de la dette » est une autre tendance lourde des dix années de développement des nouvelles routes de la soie.  

  • La Chine détenait 62,1 % de la dette bilatérale extérieure globale des États africains en 20204.
  • Exemples récents, la Zambie et le Sri Lanka ont connu des négociations difficiles dans le cadre de la restructuration de leur dette après un défaut de paiement. Ces deux cas ont illustré le fait que l’importance de la Chine parmi les créanciers mondiaux complexifie les négociations, comparé à l’époque où la dette bilatérale des États était détenue en majorité par les pays réunis dans le Club de Paris — et que la structure informelle menait l’ensemble des renégociations sur cette partie de la dette des États.

L’évolution du comportement financier de la Chine a aussi été qualitative, avec une transformation de son profil de prêts : à partir de 2015, d’après une étude récente, la Chine a en effet multiplié ses prêts d’urgence et augmenté son soutien dans les cas de crise de liquidité — par le biais de sa banque centrale — en parallèle de la croissance de ses investissements et financements de long terme5

Sources
  1. Selon les données et la définition du Green Finance and Development Center.
  2. Chinese FDI in Europe : 2021 Update, Merics, 27 avril 2022.
  3. EV battery investments cushion drop to decade low : Chinese FDI in Europe 2022 Update, Merics, 9 mai 2023.
  4. Direction générale du Trésor, 2021.
  5. Horn, Parks, Reinhart, Trebesch, “China as an international lender of last resort”, Kiel Institute for the World Economy, Mars 2023