Selon une étude réalisée par des économistes du groupe Allianz, les données préliminaires relatives aux vagues de chaleur qui ont frappé l’Europe, la Chine et les États-Unis depuis le début de l’année indiquent que « le bilan de la canicule est proche de 0,6 point de croissance du PIB pour 2023 »1.

  • Ce coût est calculé à partir de deux modèles portant sur la baisse de la productivité du travail due aux températures extrêmes, développés dans des articles scientifiques publiés en 20212.
  • En raison du nombre élevé de jours (47) au cours desquels les températures étaient supérieures à 32°C entre mai et août, la Chine aurait ainsi perdu 1,3 point de PIB depuis le début de l’année.
  • Si les modèles utilisés sont éprouvés, les auteurs reconnaissent les limites de ces estimations, notamment le fait que des moyennes journalières par pays aient été utilisées plutôt que des données par cellule de grille ainsi que l’absence de prise en compte de certains vecteurs d’impact, comme la productivité agricole.

On peut légitimement supposer que les conséquences économiques des vagues de chaleur sont sous-estimées lorsque les rendements agricoles sont exclus. Une étude publiée en 2017 indiquait que chaque jour au cours duquel les températures étaient supérieures à 30°C les rendements des cultures de maïs et de soja dans des conditions de culture pluviale diminuaient jusqu’à 6 % aux États-Unis3. L’augmentation de la durée, de l’intensité et de la fréquence des vagues de chaleur observée ces dernières décennies indique que ces chiffres pourraient être plus élevés aujourd’hui4.

La large définition de ce que constitue une vague de chaleur utilisée dans l’article — toute journée où la moyenne nationale était supérieure à 32°C au cours d’une période donnée — fait quant à elle abstraction des spécificités locales de calcul et pourrait elle aussi sous-estimer l’impact économique des chaleurs extrêmes.

  • Selon l’Organisation météorologique mondiale, « il n’existe actuellement aucun système ou protocole international convenu pour la dénomination ou la coordination de la dénomination des épisodes de vague de chaleur […] celle-ci est définie de manière générale comme une période de temps chaud statistiquement inhabituel persistant pendant un certain nombre de jours et de nuits »5.
  • En France, celle-ci est mesurée par rapport à l’indicateur thermique national, qui correspond à une moyenne de mesures quotidiennes de température moyenne de l’air. Pour qu’une vague de chaleur soit déclarée, cet indicateur doit être supérieur ou égal pendant un jour à 25,3 °C et supérieur ou égal à 23,4 °C pendant au moins 3 jours6.
  • L’agence environnementale américaine définit quant à elle une vague de chaleur comme « une période de deux jours consécutifs ou plus au cours de laquelle la température minimale apparente quotidienne (la température réelle corrigée de l’humidité) dans une ville donnée dépasse le 85e percentile des températures historiques de juillet et d’août (1981-2010) pour cette ville ».

Dans un rapport publié en 2019, l’Organisation internationale du travail anticipait que « le stress thermique devrait réduire le nombre total d’heures de travail dans le monde de 2,2 % et le PIB mondial de 2 400 milliards de dollars en 2030 »7. Si le stress thermique — qui décrit une situation « où il est trop difficile de travailler, ou du moins trop difficile de travailler à une intensité normale » — n’est qu’un phénomène marginal en Europe qui intervient avant tout durant l’été, celui-ci est présent toute l’année dans certaines régions du monde, particulièrement en Asie du Sud, du Sud-Est et en Afrique de l’Ouest8.

Sources
  1. Subran L., Gröschl J. et Zimmer M., « Global boiling : Heatwave may have cost 0.6pp of GDP », Allianz Research, 4 août 2023.
  2. Foster, J., Smallcombe, J.W., Hodder, S. et al. An advanced empirical model for quantifying the impact of heat and climate change on human physical work capacity. Int J Biometeorol 65, 1215–1229 (2021) et Behrer, A. P., Park, R. J., Wagner, G., Golja, C. M., & Keith, D. W. (2021). Heat has larger impacts on labor in poorer areas. Environmental Research Communications, 3(9), 095001.
  3. Schauberger, B., Archontoulis, S., Arneth, A. et al. Consistent negative response of US crops to high temperatures in observations and crop models. Nat Commun, 13931 (2017).
  4. Climate Change Indicators : Heat Waves, U.S. Environmental Protection Agency.
  5. WMO has no immediate plans to name heatwaves, Organisation météorologique mondiale, 19 juillet 2022.
  6. Comment les climatologues évaluent-ils les vagues de chaleur et les canicules ?, Météo-France, 7 juin 2023.
  7. Working on a WARMER planet. The impact of heat stress on labour productivity and decent work, Organisation internationale du travail, 2019.
  8. Heatwaves endanger workers and reduce productivity, Nations unies, 29 juillet 2023.