L’arrivée au pouvoir de l’administration Biden en janvier 2021 a été marquée par un regain d’activisme diplomatique américain dans la zone Indo-Pacifique, illustré par la reprise de la collaboration avec l’ASEAN — au point mort durant le mandat de Donald Trump, notamment lorsque ce dernier refusait de participer aux sommets annuels de l’Association, même virtuellement1.

Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, Joe Biden a remis l’Indo-Pacifique au centre de la politique étrangère américaine.

  • Au cours des deux dernières années, Antony Blinken s’est rendu à 20 reprises dans des pays de la région, notamment trois fois en Indonésie et quatre fois au Japon.
  • En septembre 2022, Biden lançait le Cadre économique Indo-Pacifique pour la prospérité (IPEF), rassemblant les États-Unis et 13 pays de la région articulé autour de 4 thèmes : le commerce équitable et résilient ; la résilience des chaînes d’approvisionnement ; les infrastructures, l’énergie propre et la décarbonation ; l’imposition et la lutte contre la corruption.
  • En janvier, les Philippines annonçaient octroyer l’accès aux forces américaines à quatre sites supplémentaires situés sur l’archipel. Dans le cadre de l’Enhanced Defense Cooperation Agreement signé en avril 2014, les armées américaines ont désormais accès à 9 sites aux Philippines2.

Lundi 22 mai, le secrétaire d’État américain Antony Blinken était à Port Moresby pour y signer, aux côtés du Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée James Marape, un pacte de coopération en matière de défense. Si Blinken s’est défendu, lors d’une conférence de presse suivant la signature, du fait que cet accord ait « quoi que ce soit à voir d’autres pays », la Chine est au cœur des préoccupations de Washington dans la région. En avril 2022, Pékin signait avec les Îles Salomon un accord sécuritaire, témoignant ainsi de l’influence grandissante de la Chine dans le Pacifique Sud3.

Au-delà du cadre structurant de la rivalité sino-américaine, Washington mise sur d’autres thématiques pour renforcer ses liens avec les îles du Pacifique — et ainsi les maintenir à distance de Pékin.

  • Selon le chercheur au CSIS Charles Edel, l’administration Biden doit répondre aux préoccupations locales de ces pays « pour faire de réelles avancées » : changement climatique, protection des zones de pêche, développement durable4
  • Au cours du Dialogue entre les dirigeants des États-Unis et des îles du Pacifique qui s’est tenu lundi 22 mai — auquel Joe Biden n’a pas pu assister en raison des négociations sur la hausse du plafond de la dette —, le Département d’État américain a mis en avant sa détermination « à aider les îles du Pacifique à gérer à la fois les effets soudains du changement climatique, tels que les grandes tempêtes, et les effets à long terme, tels que l’élévation du niveau de la mer »5.
  • Malgré leurs émissions de CO2 par habitant relativement faibles, les îles du Pacifique ainsi que des pays asiatiques — Vietnam, Laos, Thaïlande, Cambodge… — figurent parmi les plus vulnérables face aux effets du changement climatique, et notamment de la hausse du niveau de la mer.

Lundi 22 mai, Antony Blinken a participé à la signature de l’extension du traité de libre-association (COFA, ou Compact of Free Association) liant les Palaos aux États-Unis pour une durée de 20 ans, et participera à une cérémonie similaire mardi pour l’extension du COFA avec la Micronésie6. En vertu de ces accords, les États-Unis financent une partie importante des budgets de ces pays (Palaos, Micronésie et Îles Marshall), sont responsables de leur défense et bénéficient en échange d’un accès illimité aux eaux territoriales de ces archipels ainsi qu’à leur espaces aériens.