Comme partout dans le monde en raison de la crise énergétique et de la très probable entrée en récession de grandes économies l’an prochain (comme l’Allemagne et l’Italie en Europe, selon les dernières prévisions du FMI), les chiffres de l’inflation sont un indicateur particulièrement scruté ces derniers mois.
- Au mois de septembre, l’inflation en zone euro a également atteint deux chiffres, soit son plus haut niveau depuis l’entrée en circulation de l’euro — et bien plus que les 4 % ayant suivi la crise financière de 2008.
- Afin de combattre la hausse des prix, les principales banques centrales se sont engagées dans une course à la hausse de leurs taux directeurs. Depuis le début de l’année, la Banque d’Angleterre les a augmentés à six reprises.
En septembre 2022, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 0,5 points, contre une hausse de 0,3 % l’année précédente au même moment. Contrairement à ce qu’il se passe en zone euro, c’est principalement la hausse du prix des produits alimentaires, des logements et des services qui a contribué à l’inflation ce mois-ci, tandis que la baisse du prix des carburants a apporté la contribution à la baisse la plus importante 1.
La hausse de l’inflation est toutefois largement due aux prix de l’énergie qui se répercutent sur le prix de l’électricité au Royaume-Uni. Depuis avril dernier, c’est le gaz, l’électricité et les autres combustibles qui contribuent le plus à l’indice des prix à la consommation incluant les coûts de logement des propriétaires occupants (ICPH).
- La hausse du prix du gaz et de l’électricité fait principalement suite à l’augmentation du plafond des prix de l’énergie décidée par l’Ofgem (Office of Gas and Electricity Markets) le 1er avril dernier puis le 26 août.
- Selon les projections de l’Ofgem, ce nouveau plafond devrait presque doubler la facture énergétique d’un ménage moyen au Royaume-Uni, passant de 3 549 £ en octobre 2022 à 6 616 £ en avril 2023.
Ces nouveaux chiffres viennent complexifier une situation politique déjà particulièrement tendue au Royaume-Uni depuis l’élection de Liz Truss.
- Fin septembre, le gouvernement de la nouvelle Première ministre, par la voix de son chancelier de l’Échiquier Kwasi Kwarteng, a annoncé un paquet de mesures prévoyant de dépenser jusqu’à 150 milliards de livres pour répondre à la crise énergétique.
- Les annonces comprenaient également le fameux « mini-budget », constitué de baisses massives d’impôts, des contributions de sécurité sociale, de l’impôt sur le revenu pour tous les contribuables ainsi que d’une baisse de l’impôt sur les sociétés.
Selon l’historien britannique David Edgerton, « c’est la réaction financière, à laquelle [Truss et Kwarteng] ne s’attendaient pas, qui a fait dérailler les annonces gouvernementales et provoqué des dommages économiques et politiques », aboutissant à la lettre de démission du chancelier vendredi dernier et son remplacement par Jeremy Hunt.
Si l’arrivée de Hunt a contribué à rassurer les marchés ainsi que les Tories de la Chambre des communes, l’impopularité historique de Truss auprès des Britanniques rend toute manœuvre politique particulièrement difficile. Dans un sondage conduit les 17 et 18 octobre, 55 % des membres du Parti conservateur estimaient que Truss devrait démissionner — 39 % parmi ceux ayant voté pour son élection 2.
Sources
- Consumer price inflation, UK : September 2022, Office for National Statistics, 19 octobre 2022.
- Matthew Smith, « Most Tory members say Liz Truss should resign », YouGov, 18 octobre 2022.