- En changement annuel, le volume des importations européennes d’hydrocarbures en provenance de la Russie a chuté de 60 % depuis le début de la guerre. Toutefois, en raison de l’explosion des prix causée par la guerre en Ukraine, les recettes engrangées par la Russie n’ont quant à elles baissé que de 30 %.
- Parmi les pays de l’Union européenne, certains ont continué en septembre à importer pour l’équivalent de plusieurs centaines de millions d’euros d’hydrocarbures (surtout du gaz naturel liquéfié ou bien des produits pétroliers). Malgré la posture européenne visant à se détacher de la dépendance énergétique à la Russie, les pays européens sont parfois contraints d’importer des hydrocarbures russes, faute de pouvoir en trouver sur les marchés internationaux.
- En raison du gaz qui transite toujours via Turkstream (l’un des seuls gazoducs transportant encore du gaz russe), la Bulgarie était en septembre le pays européen qui a le plus payé la Russie pour ses hydrocarbures. Le gaz ne transitant plus dans Nord Stream 1 depuis la fin du mois d’août, l’Allemagne n’a effectué aucun paiement à la Russie en septembre pour l’achat de gaz.
- Depuis plusieurs mois, en raison des embargos imposés par l’Union européenne et certains pays occidentaux sur le charbon et le pétrole russe, Moscou cherche à rediriger ses exportations — principalement vers l’Asie. Ainsi, la Chine est désormais de très loin le pays qui achète le plus d’hydrocarbures russes en valeur totale.
- La Russie est bel et bien plus dépendante que l’Europe ne l’est pour le gaz naturel. En 2021, 81 % des exportations russes de gaz étaient destinées aux pays européens, tandis que le gaz venant de Russie ne représentait que 46 % des importations totales de ces derniers.
- C’est principalement pour cette raison que la part de vente du gaz dans les paiements journaliers perçus par la Russie a considérablement baissé depuis mars dernier. De plus, la vente de gaz naturel liquéfié (GNL) ne permet pas de compenser la perte de marchés liés à la fermeture (ou à l’explosion) d’infrastructures permanentes — comme les gazoducs.
- Selon Lauri Myllyvirta, analyste au Center for Research on Energy and Clean Air, la mise en place d’un plafonnement des prix aurait réduit de 11 milliards d’euros la facture des importations européennes d’hydrocarbures en provenance de la Russie (considérant une mise en place d’une telle mesure au 1er juillet 2022)1.
- Si une telle mesure avait été appliquée aux exportations vers tous les pays tiers utilisant des navires européens (ou assurés en Europe), les recettes engrangées par la Russie auraient pu être réduites de 3,1 milliards d’euros supplémentaires.
Sources
- Lauri Myllyvirta, How Europe can slash the Kremlin’s fossil fuel revenue with price caps, Center for Research on Energy and Clean Air (CREA), 4 octobre 2022.