• Ces actes de sabotage n’auront pas de conséquence directe sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Le gazoduc Nord Stream 2 n’est finalement jamais entré en activité en raison de la guerre en Ukraine, et Nord Stream 1 ne reçoit plus de gaz russe depuis plusieurs semaines maintenant. Les tuyaux sont cependant toujours pressurisés, expliquant les fuites de gaz repérées à la surface.
  • L’acte n’en demeure pas moins important, les gazoducs Nord Stream — reliant tous deux la Russie à l’Allemagne — symbolisant la dépendance énergétique du continent européen vis-à-vis de Moscou. Depuis le début de la guerre, la Russie n’a eu cesse d’utiliser l’énergie comme une arme ainsi que comme un levier servant à exercer une pression sur les opinions publiques européennes.
  • On ne sait pour le moment que peu de choses sur ce qui ressemble à un acte de sabotage. Trois accidents localisés dans la même zone sur deux gazoducs distincts semble être une hypothèse peu probable, surtout considérant que les deux infrastructures sont très récentes (2011 pour Nord Stream 1 et 2021 pour Nord Stream 2). Hier soir, la Première ministre danoise Mette Frederiksen déclarait que ces explosions « n’étaient pas un accident »1 — ce qui est confirmé par la Commission géologique du Danemark et du Groenland2.
  • Des trois fuites de gaz repérées lundi 26 septembre, une émane du gazoduc Nord Stream 2, et deux de Nord Stream 1. Les sites des trois explosions se trouvent à l’extérieur des eaux territoriales danoises (donc en eaux internationales) mais deux se situent dans la zone économique exclusive (ZEE) du Danemark, et une dans la ZEE de la Suède. 
  • Bien que la piste de l’acte délibéré — très probablement commis par un acteur étatique, considérant les moyens techniques requis — soit pour le moment plébiscitée, aucun élément tangible ne permet de pointer du doigt un pays en particulier. Ce matin, l’agence de propagande russe TASS relayait l’accusation émise contre les États-Unis par l’ancien ministre des Affaires étrangères polonais et député européen Radosław Sikorski3.
  • Tous les signes convergent cependant vers la Russie. Selon Julian Pawlak, chercheur associé au German Institute for Defence and Strategic Studies (GIDS), le sous-marin nucléaire russe K-329 Belgorod, lancé en 2019, aurait pu être utilisé pour conduire une telle opération. Il serait également possible que des plongeurs aient provoqué les explosions en partant de navires espions, les fonds n’étant que d’une profondeur d’une cinquantaine de mètres dans cette zone4.
Sources
  1. Martin Flick, « Mette Frederiksen : Myndigheder vurderer, at lækager var bevidst sabotage », DR, 27 septembre 2022.
  2. GEUS har registreret rystelser i Østersøen, Nationale Geologiske Undersøgelser for Danmark og Grønland, 27 septembre 2022.
  3. « Former Polish Foreign Minister Sikorski thanks US for damaging Nord Stream », TASS, 28 septembre 2022.
  4. Thread de Julian Pawlak, Twitter, 27 septembre 2022.