• La 27ème conférence des Nations unies (ou COP 27) s’ouvrira en novembre prochain dans la petite ville balnéaire de Charm el-Cheikh (74 000 habitants) en Égypte, située entre le Sinaï et la mer Rouge. Ce sera ainsi le quatrième pays du continent africain à accueillir une Conférences des Nations unies sur le changement climatique après l’Afrique du Sud, le Kenya et le Maroc (qui a accueilli 2 éditions).
  • Si selon les tendances observées depuis la première COP qui s’est tenue en 1995 à Berlin l’édition de cette année ne devrait pas se démarquer par son envergure, la question de la relation du gouvernement égyptien vis-à-vis des activistes environnementaux — mais également des chercheurs — pose question. Ce lundi, l’ONG Human Rights Watch soulignait dans un rapport que « le gouvernement égyptien a sévèrement restreint la capacité des groupes environnementaux à mener des politiques indépendantes, des actions de plaidoyer et des travaux de terrain essentiels à la protection de l’environnement naturel du pays »1.
  • Or, si la trajectoire carbone ainsi que les efforts fournis par le pays hôte sont importants dans le choix fait par les Nations unies, l’engagement de la société civile l’est tout autant. Dans le manuel de l’ONU dédié à l’accueil des conférences des Nations unies sur le changement climatique, il est inscrit que : « Les pays hôtes doivent promouvoir une vaste stratégie d’engagement de la société civile, fondée sur les principes de transparence, d’ouverture et d’inclusion »2.
  • La dernière COP, qui s’est tenue à Glasgow l’an dernier (et dont les résultats ont été mitigés), a accueilli le plus grand nombre d’observateurs provenant d’ONG et de médias. Ces derniers sont les garants de la transparence de la conférence ainsi que de l’engagement de la société civile. Si le Secrétariat de la CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) a déclaré qu’il « maintiendra le même niveau de qualité dans la facilitation de l’inscription à la conférence et des manifestations des ONG sur le site de la COP que lors des sessions précédentes », le rapport d’Human Rights Watch indique que les acteurs émanant de la société civile égyptienne pourraient être sous-représentés3.
  • Certains membres de groupes de défense des droits de l’homme et de l’environnement ont fait part de leur hésitation de s’engager publiquement lors de la COP 27 par « craintes de représailles ». Selon eux, « l’appareil de sécurité va probablement plus que jamais se concentrer sur la société civile environnementale en Égypte […] lorsque la COP se terminera, ils pourraient commencer à regarder et voir qui fait quoi, qui a obtenu des fonds d’où, par exemple ».
  • Cette édition de la COP va ainsi soumettre au test une grande partie des délégations représentant des gouvernements qui ont décidé d’allier la lutte pour les droits de l’homme avec celle contre le changement climatique. C’est notamment le cas de Joe Biden, dont la visite risquée en Arabie saoudite en juillet dernier avait fait l’objet de critiques d’un grand nombre de personnalités politiques, mais également d’ONG — dont Human Rights Watch.
Sources
  1.  Egypt : Government Undermining Environmental Groups, Humans Rights Watch, 12 septembre 2022.
  2.  How to COP : A handbook for hosting United Nations Climate Change Conferences, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, 2014.
  3.  Robbie Gramer, « Egypt to Host Big U.N. Climate Summit While Muzzling Environmental Activists », Foreign Policy, 14 septembre 2022.