• Les exportations de puces électroniques de la Chine vers la Russie ont plus que doublé au cours des 5 premiers mois de 2022 par rapport à l’année précédente, selon les douanes chinoises1. Les exportations d’oxyde d’aluminium vers la Russie ont atteint 153 000 tonnes en mai, contre 227 tonnes au cours du même mois l’année précédente, soit un niveau 400 fois plus élevé.
  • Une partie de la hausse des valeurs des exportations chinoises vers la Russie peut s’expliquer par le taux d’inflation élevé en Russie, passé de 8-9 % avant février à 16 % au mois de juin.
  • Cinq entreprises chinoises — Connec Electronic Ltd., King Pai Technology Co., Sinno Electronics Co., Winninc Electronic et World Jetta (HK) Logistics Ltd — ont été mises sur liste noire par les États-Unis à la fin du mois de juin pour avoir continué de soutenir l’appareil de guerre russe2. Ce placement sur l’« entity list » du Département du Commerce américain limite grandement les capacités de ces entreprises à acquérir des technologies américaines, les soumettant à la production de licences supplémentaires d’exportation et de transferts.
  • À l’échelle globale, les grandes puissances cherchent à développer leur indépendance en matière de production de circuits intégrés et de semi-conducteurs. La semaine dernière, Emmanuel Macron a annoncé le projet de construction d’une usine de semi-conducteurs en Isère — le deuxième projet de fonderie dans le cadre de l’European Chips Act. Cette usine contribuera à augmenter la part mondiale de la production européenne de microprocesseurs à 20 % d’ici 2030. De même, le Sénat américain doit voter prochainement le Chips Act, un projet de loi visant à stimuler l’industrie américaine des semi-conducteurs et améliorer sa compétitivité vis-à-vis de la Chine3.
  • Face aux sanctions occidentales, la Russie, quant à elle, se repose de plus en plus sur Pékin et les pays asiatiques pour son approvisionnement en produits technologiques et en matières premières. À titre d’exemple, alors que les drones russes étaient fabriqués à partir de composants électroniques occidentaux, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les exportations de puces électroniques des États-Unis vers la Russie ont chuté de 70 %4.
  • Le marché chinois est également devenu un débouché important pour Moscou pour l’exportation de l’énergie. Le Premier ministre de la Mongolie, Luvsannamsrai Oyun-Erdene, a annoncé hier que la construction du gazoduc Power of Siberia 2, censé acheminer 10 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz à l’horizon 2030, devrait commencer en 2024 — à long terme, la capacité totale du gazoduc devrait être de 50 milliards de mètres cubes5.
  • En 2019, la Chine et la Russie avaient déjà inauguré un premier gazoduc reliant les deux pays, Power of Siberia 1, qui doit acheminer 38 milliards de mètres cubes de gaz à l’horizon 2025 — en 2021, le volume s’est élevé à 10,5 milliards de mètres cube. Les exportations de pétrole russe vers la Chine ont également augmenté de 55 % depuis février, faisant de Moscou le premier fournisseur de pétrole de la Chine devant l’Arabie saoudite6.