- Ce neuvième sommet commercial entre l’Union et la Chine intervient deux ans après le dernier sommet en date qui remonte à juillet 2020. Un Sommet entre l’Union et la Chine a eu lieu par visioconférence le 1er avril dernier, un an après que le Parlement européen a rejeté l’accord d’investissement négocié fin 2020 sous la présidence allemande du Conseil. Un nouveau sommet commercial pourrait avoir lieu en 2023.
- Les relations entre la Chine et l’Union se sont tendues en mai 2021, lorsque les eurodéputés ont pris des sanctions à l’encontre des responsables chinois impliqués dans la répression contre la minorité ouïghour au Xinjiang. En mars 2019, la Commission européenne avait publié un document présentant la Chine comme un « partenaire de négociation avec lequel l’Union doit trouver un équilibre, un concurrent économique à la recherche d’un leadership technologique et un rival systémique mettant en avant des modèles de gouvernance alternatifs »1.
- Le sommet a néanmoins permis de relancer la coopération sino-européenne. En 2020, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Union devant les États-Unis et la dynamique s’est accentuée en 2021. Lors du sommet, le Commissaire européen au commerce, Valdis Dombrovskis, a échangé avec le vice-Premier ministre chinois, Liu He, sur plusieurs sujets concernant notamment la sécurisation des chaînes d’approvisionnement, la lutte contre la pandémie de Covid-19, la sécurité alimentaire mondiale ou encore la réforme de l’OMC2.
- Le commissaire européen a néanmoins fait part de ses préoccupations concernant les politiques anticoncurrentielles de Pékin dans certains secteurs, ainsi que les sanctions prises par Pékin à l’encontre de la Lituanie3. En janvier 2022, l’Union avait saisi l’OMC pour contester les mesures prises par Pékin contre Vilnius4.
- Durant le sommet, la Chine les deux parties se sont mis d’accord sur la nécessité d’une plus grande coopération dans le secteur financier ainsi qu’un renforcement des échanges commerciaux. L’accord global sur les investissements, n’a pourtant pas été évoqué5. Bien que techniquement modeste, pour Olivier Prost et Anna Dias cet accord « donne à la Chine l’espoir d’améliorer son positionnement dans le rapport commercial triangulaire entre l’Union européenne et les États-Unis ».
- Dans un entretien accordé au journal espagnol La Vanguardia6, le nouvel ambassadeur de l’Union en Chine, Jorge Toledo Albiñana, a déclaré que l’Europe soutenait une « réunification pacifique » entre la Chine et Taïwan, suscitant la réprobation du porte-parole du ministère des Affaires étrangères taïwanais, qui a déclaré que Taïwan était « un pays souverain » ayant le « droit à son autodétermination »7.
- Bien que les États-membres ne reconnaissent pas l’indépendance de Taïwan, ils ne font jamais référence à une « réunification » entre l’île et la Chine dans leurs déclarations. La remarque du nouvel ambassadeur est sans doute une maladresse, alors que dans le même entretien ce dernier déclarait que l’Union prendrait les mêmes sanctions contre la Chine que contre la Russie en cas d’attaque militaire chinoise.
- Le président chinois Xi Jinping a de son côté invité les dirigeants des quatre plus grands pays de l’Union — Emmanuel Macron (France), Mario Draghi (Italie), Olaf Scholz (Allemagne) et Pedro Sanchez (Espagne) — pour une visite officielle en Chine en novembre 20228. La visite aurait lieu peu après le XXème congrès du Parti Communiste Chinois (PCC) qui devrait officialiser le nouveau mandat présidentiel de Xi Jinping, rendu possible par la réforme de la Constitution chinoise de 2018. La question est désormais de savoir si les dirigeants européens accepteront — ce serait la première visite de dirigeants européens en Chine depuis 2019.
Sources
- EU-China – A strategic outlook, Commission européenne, 12 mars 2019.
- EU-China : A stable global economy is a shared responsibility, Commission européenne, 19 juillet 2022.
- La Lituanie a annoncé l’ouverture en juillet 2021 d’un « bureau de représentation de Taïwan » à Vilnius. La Chine a alors pris des sanctions unilatérales contre les entreprises lituaniennes, et a restreint son commerce avec la Lituanie. Vilnius s’était auparavant retiré en mai 2021 du groupe 17+1, qui regroupe aujourd’hui seize pays d’Europe centrale et orientale et la Chine.
- « EU challenges China at WTO over trade curbs on Lithuania », Reuters, 26 janvier 2022.
- « China agrees to more EU cooperation but silent on frozen pact », Reuters, 19 juillet 2022.
- Xavier Mas de Xaxàs, « Jorge Toledo : “Necesitamos a China para gobernar el mundo” », La Vanguardia, 17 juillet 2022.
- « MOFA rebukes incoming EU-China envoy for ‘reunification’ remark », Focus Taiwan, 19 juillet 2022.
- Finbarr Bermingham, « Exclusive : China asks European leaders to meet Xi in November. But will they accept ? », South China Morning Post, 18 juillet 2022.
