- Suite au Sommet du G5 Sahel tenu en visioconférence le 9 juillet, le Président français a tenu une conférence de presse aux côtés de son homologue nigérien Mohamed Bazoum, présent à Paris dans le cadre de sa première visite officielle en France depuis son élection.
- Emmanuel Macron a profité de l’occasion pour présenter les contours du nouveau dispositif militaire français dans la région, à la suite de l’annonce de la fin de l’opération Barkhane, intervenue début juin. Ces annonces marquent un tournant sur plusieurs points : une approche militaire englobant l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest, un soutien accru aux armées partenaires de la région, et surtout un rôle central pour le Niger, nouveau pivot du dispositif.
- Emmanuel Macron a entamé son intervention en axant son discours sur la lutte globale contre le terrorisme, désignant comme ennemis principaux Daesh et Al Qaida et leurs « ramifications en Afrique ». Ce n’est pas nouveau – la France a toujours présenté Barkhane comme une force de lutte contre le terrorisme – mais un changement de rhétorique est à l’œuvre. En effet, dans ses précédentes déclarations, le chef de l’État évoquait par exemple la sauvegarde de l’intégrité territoriale des États sahéliens ou le développement de la région, et désignait directement les groupes armés opérant au Mali, notamment le JNIM. Il a ici au contraire insisté sur une menace qualifiée de globale, en lien avec les attentats commis en France ces dernières années, ajoutant que le Sahel n’était qu’une étape dans l’expansion des groupes djihadistes.
- Le Président français a rappelé que l’intervention française avait connu des évolutions majeures depuis 2013, à travers notamment une régionalisation au-delà du Mali (mise en œuvre de Barkhane en 2014), un recentrement sur la région des trois frontières (Mali – Niger – Burkina Faso) et le développement d’un axe civil à travers la création de l’Alliance Sahel en 2017. Selon lui, une nouvelle étape doit désormais s’ouvrir, pour faire face à une « nouvelle menace », qui se dissémine dans l’ensemble de de l’Afrique de l’Ouest et concerne désormais tous les pays du Golfe de Guinée.
- Première étape de la mise en œuvre d’un nouveau dispositif militaire, Emmanuel Macron a annoncé qu’un retrait de Kidal, Tessalit et Tombouctou serait entamé dès 2021 et achevé en 2022. Aucune précision supplémentaire n’a été apportée sur le calendrier de la fin de Barkhane, pour « des raisons de sécurité ». L’opération sera remplacée par un dispositif reposant sur deux piliers : la lutte contre le terrorisme et le soutien aux armées de la région.
- Le pilier de lutte contre le terrorisme s’articulera autour du maintien de l’Opération Sabre (forces spéciales française) et la mise en place de « partenariats de combat » et d’opérations communes. Surtout, la France « restera la nation cadre » de la Task Force Takuba qui connaîtra d’importantes évolutions : renforcement à travers les contributions de nouveaux pays, européens et non européens ; coordination depuis le poste de commandement de Niamey, en lien direct avec la Force conjointe G5 Sahel ; et un périmètre d’intervention élargi au Niger (ce dernier point étant en discussion).
- Ainsi, le Niger devient le nouvel allié central et le pivot du dispositif militaire français. La présence du président Nigérien à Paris, seul chef d’État aux côtés du Président français, et le déplacement du poste de commandement de Takuba à Niamey symbolisent cette évolution. Emmanuel Macron a par ailleurs loué à plusieurs reprises l’action des autorités nigériennes sur les plans civil et militaire, et a conclu en indiquant : « Niamey sera très fortement musclé ».
- Le second pilier concerne la « montée en puissance » des armées de la région, et comprendra une dimension de formation à travers l’EUTM et des coopérations bilatérales. Au-delà de ces aspects, Macron a présenté une nouvelle dimension, dénommée « réassurance » qui permettra aux forces françaises d’intervenir au profit des armées de la région en cas de besoin, et une mise à disposition de moyens aériens ou médicaux.
- Enfin, un « effort régional de coopération » accompagnera ces deux piliers. Ainsi, les forces françaises resteront mobilisables dans l’ensemble de la région, et pourront intervenir pour appuyer des partenaires au-delà du G5 Sahel, par exemple en Côte d’Ivoire.