• Une seule étude préliminaire (preprint) a pour le moment été faite sur ce nouveau variant C.1.2, appelant à une grande précaution quant sur les premières conclusions qui s’en dégagent. Les scientifiques du National Institute for Communicable Diseases (NICD) et du KwaZulu-Natal Research Innovation and Sequencing Platform (KRISP) y affirment que C.1.2 est à ce jour le variant qui a le plus muté par rapport au SARS-COV 2 qui a émergé à Wuhan en 2019.
  • Si le manque de données ne permet pas pour l’instant d’étayer ces pistes, les  principales inquiétudes relatives à la découverte de ce nouveau variant sont liées à l’efficacité des vaccins de première génération, développés pour la plupart en 2019 et en 2020. Le preprint indique que « la combinaison de ces mutations, ainsi que les changements dans d’autres parties du virus, aident probablement le virus à échapper aux anticorps et aux réponses immunitaires, y compris chez les patients qui ont déjà été infectés par les variants Alpha ou Beta »1.
  • Pour le moment, les scientifiques affirment dans ce preprint que le taux de mutation serait supérieur de 1,7 à 1,8 par rapport à celui observé en moyenne chez les autres variants. Rien ne permet toutefois d’affirmer à ce stade que le variant continuera de muter à cette vitesse. Si tel était le cas, le danger serait que le virus devienne plus transmissible, provoque des formes plus graves et soit plus résistant aux vaccins. En l’état, l’un des auteurs du preprint, pour répondre à l’émoi suscité par la publication, a affirmé qu’en l’absence de données supplémentaires, il serait non-scientifique de dire que ce variant muterait deux fois plus vite que les autres.
  • Le variant C.1.2 est pour le moment surtout présent en Afrique du Sud, où le taux de vaccination est parmi les plus faibles au monde avec seulement 9,33 % de la population (données du 30 août) disposant d’un schéma vaccinal complet. Après avoir atteint un pic au début du mois de juillet avec près de 20 000 nouveaux cas par jour, la tendance est aujourd’hui à la baisse en Afrique du Sud, approchant de la barre des 10 000 cas par jour, bien que le pays conserve un nombre de nouveaux cas par jour pour 1 million d’habitants plus élevé que la moyenne mondiale (toutefois inférieur à celui de pays comme la France ou du Royaume-Uni). Dans des proportions bien plus faibles, ce variant a également été détecté en Angleterre, en Suisse, au Portugal, à Maurice, en Chine et en Nouvelle-Zélande2
  • Au-delà des caractéristiques du variant C.1.2, l’étude préliminaire propose une hypothèse intéressante sur ses conditions d’apparition, qui seraient favorisées chez les personnes malades durant une période prolongée (fréquent chez les personnes immunodéprimées), laissant au virus plus de temps pour muter. Selon cette hypothèse, les personnes vaccinées, moins susceptibles de contracter des formes graves ou longues de la maladie, pourraient donc à l’échelle individuelle limiter l’apparition de nouveaux variants.
  • L’émergence du variant Delta en Inde et du variant C.1.2 en Afrique du Sud indiquent que ces mutations ont plus tendance à se développer dans des pays disposant d’une faible couverture vaccinale. La fracture qui continue de se creuser entre les pays du Nord et du Sud, créant une situation d’apartheid vaccinal, présente ainsi un danger à l’échelle globale en ce que la circulation du virus et de ses variants continuera de toucher tous les pays du monde. Les efforts de la communauté internationale se poursuivent : dans la journée d’hier, la France a annoncé la livraison de 10 millions de doses de vaccins AstraZeneca et Pfizer à destination des pays membres de l’Union africaine3.
  • Afin de contribuer à apporter de la lumière sur les raisons pour lesquelles les virus mutent, nous avions publié en janvier dernier une étude sur la mutation du SARS-Cov-2 et sur ses nouvelles souches qui appelait à « surveiller l’évolution des connaissances sur la contagiosité de ces nouveaux variants, mais également sur l’efficacité des vaccins ».