• En juin 2011, moins d’un an avant l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy avait annoncé le début du retrait des troupes françaises d’Afghanistan. Son successeur, François Hollande, l’acheva dès 2012. À son tour, Emmanuel Macron amorce le désengagement militaire du principal théâtre d’opérations : le Mali. De 5 100 aujourd’hui, le nombre de militaires déployés pourrait passer à 2 500 en 2023, selon des sources non confirmées officiellement. Des annonces auront lieu dans les prochaines semaines.
  • Depuis son élection en 2017, le président de la République cherche une porte de sortie au Mali, qu’il n’est jamais parvenu à trouver. La situation politique intérieure, qui déplaît à l’Élysée, lui en fournit l’opportunité. Il reste encore à savoir à quel rythme et jusqu’où ira ce retrait, tant il est difficile de s’extraire d’une telle situation sans perdre la face.
  • L’annonce d’une réduction des effectifs de l’opération Barkhane était attendue en février dernier à l’occasion du sommet du G5 Sahel à N’Djaména (Tchad). Elle n’a pas eu lieu : il était compliqué pour la France de réclamer une plus forte implication de ses partenaires du Sahel, tout en annonçant le départ de 600 militaires français. Cet effectif est celui qui avait été ajouté début 2020, à l’occasion du « surge » décidé au sommet de Pau. La situation sécuritaire s’était dégradée fin 2019, et l’armée française avait redoublé d’efforts pour rétablir la situation, obtenant même des victoires symboliques, comme la mort du dirigeant d’Aqmi Abdelmalek Droukdal, en juin 2020.
  • L’effet militaire d’une réduction des effectifs n’est pas proportionnel à son pourcentage : 10 % d’hommes en moins se fait beaucoup ressentir sur le terrain. C’est également vrai en sens inverse, comme on l’avait observé en 2020 : les 600 nouveaux arrivants avaient été massivement engagés dans les opérations. Dans une armée moderne, les fonctions de soutien et d’appui – logistique, renseignement, médical, protection des bases, maintenance, etc. – mobilisent des effectifs importants, et difficilement compressibles. Le plus simple à réduire est le nombre de personnels qui sortent des bases pour produire un effet militaire sur l’ennemi.
  • La baisse des effectifs de Barkhane va devoir être gérée avec doigté vis-à-vis des alliés européens de la France. Paris cherche depuis des années à les convaincre de prendre part à la lutte contre le terrorisme au Sahel. Estoniens, Tchèques, Suédois et Italiens ont accepté de le faire au sein de la Task Force Takuba, qui doit accompagner l’armée malienne au combat. D’autres, comme l’Allemagne, viennent de renforcer leurs effectifs au sein des casques bleus (Minusma) ou de la mission européenne de formation de l’armée malienne. Pour les Européens, venir aider les Français est une chose, les remplacer alors qu’ils rapatrient leurs soldats en est une autre.
  • Cette annonce française se déroule sur fond de tensions avec le nouveau pouvoir malien issu d’une révolution de palais au sein de la junte militaire qui a renversé, en août dernier, le président élu Ibrahim Boubacar Keïta. Le nouveau chef de l’État Assimi Goïta et son Premier ministre Choguel Maïga sont soupçonnés de vouloir négocier avec les « groupes armés terroristes », et d’être trop complaisants avec l’iman Dicko, le leader de l’islam politique malien.