Rome. Avec le nouveau gouvernement PD-M5S, que restera-t-il des programmes du gouvernement précédent ? Nous sommes prêts à parier sur la permanence du revenu de citoyenneté et du Quota 100, la loi sur les retraites anticipées1 Dans le cas du premier, il forme un point indispensable de toute négociation entre Conte et Di Maio, et il est toléré, sinon bien vu, par la majorité du centre-gauche. Il le restera, car seul un gouvernement de centre-droit aurait pu avoir la force politique d’annuler cette subvention publique, déjà dysfonctionnelle à sa création. Pour le second, le Quota 100, le raisonnement est légèrement plus affiné. C’est une mesure conçue par la Ligue mais partagée par le M5S : elle est donc, en théorie, moins centrale et importante pour ces derniers par rapport au revenu de citoyenneté. Cependant, la voie vers la révision de la loi Fornero sur les retraites a été pavée par Renzi avec le lancement de l’APE sociale en 2016 et la réduction de l’âge de la retraite a convaincu les exilés de gauche du Parti démocratique. Peut-être que la mesure changera de nom ou subira des retouches, si un tel gouvernement venait à durer, mais elle restera probablement en place.
M. Zingaretti, le secrétaire du PD, a fait de nombreuses ouvertures à l’environnementalisme, et le M5S prétend en être le précurseur. Le monde, à gauche, se dirige vers Greta, prix Nobel de la paix in petto. Qu’est-ce que cela veut dire ? De nouvelles réglementations, et plus de bureaucratie, sur la prévention environnementale sont susceptibles d’être mises en place. Les coûts pour les petites et moyennes entreprises italiennes sont alors susceptibles d’augmenter, tandis que certaines multinationales (lire ILVA) peuvent se heurter à un gouvernement hostile, dans lequel la vulgate environnementale primera sur la production. Il est presque certain qu’un gouvernement jaune-rouge agira sur ce front en pénalisant certains secteurs (automobile, chimie) et en augmentant les coûts pour ceux qui produisent, ceux qui commercent et, enfin, les consommateurs (c’est-à-dire tous). À cette réglementation verte pourrait s’ajouter une réglementation « noire », c’est-à-dire un durcissement des sanctions pénales tant en termes de pratiques commerciales que d’une réglementation plus généralisée sur la corruption. D’autre part, le PD a donné naissance au désastreux Code des marchés publics de 2016, rempli de panpénalisme, et à l’ANAC, une autorité luttant contre la corruption, avec des pouvoirs qui se sont progressivement développés.
D’un point de vue fiscal, le PD s’intéresse désormais peu aux nombreux travailleurs indépendants, qui votent en masse pour la Ligue, et il en va de même pour le Mouvement 5 Étoiles, désormais plus actif du côté des fonctionnaires que du secteur privé. Il n’est pas improbable que le régime des travailleurs indépendants puisse revenir à celui de 2017, alors que des nouvelles politiques en faveur de ceux qui ont déjà un contrat de travail pourraient voir le jour. Sans aucun doute, l’extension de l’impôt forfaitaire à 20 % jusqu’à cent mille euros de chiffre d’affaires promise par la Ligue serait supprimée.
En outre, les deux partis partagent la proposition du salaire minimum et la monnaie à échanger avec le monde des affaires ne pourrait être que la réduction de la pression fiscale. Est-ce que les entrepreneurs accepteront cette proposition du salaire minimum ? Ou bien le risque, égal à celui du décret de dignité voulu par le gouvernement précédent, est-il un nouveau durcissement du marché du travail ? L’espace serait très étroit pour une large manœuvre fiscale sur le marché du travail. On peut présumer, compte tenu des lignes directrices des partis, qu’une nouvelle loi fiscale anti-évitement peut être adoptée plus facilement que les précédentes.
Au niveau du ratio déficit/PIB, il y a peu de choses à renverser : quiconque gouvernera l’Italie dans les prochains mois devra trouver 23 milliards d’euros pour neutraliser les clauses de sauvegarde (et l’augmentation de la TVA). Il y a trois possibilités : réduire les dépenses, augmenter les impôts ou augmenter les déficits. Des sources proches du PD ont déjà divulgué la proposition d’augmenter le ratio de déficit, autrement dit la même chose que le gouvernement jaune-vert. Il est difficile, pour tous les partis au Parlement, de réduire autant de dépenses d’un seul coup. Avec un gouvernement jaune-rouge, nous pourrions avoir une augmentation du déficit, qui dépendra des concessions de Bruxelles, combinée à une augmentation des impôts sur le patrimoine (immobilier ou financier). C’est la voie la plus facile et aussi celle qui se prête le mieux à deux partis qui prétendent vouloir « combattre les inégalités »2. Un gouvernement de centre-droit pourrait-il faire mieux ? C’est difficile à dire, mais la Ligue s’est montrée par le passé plus opposée que les autres partis à l’imposition directe de la richesse.
Sources
- Quota 100, PMI.it
- Speranza : il nostro impegno è batterci contro le disuguaglianze, Askanews, 5 septembre 2019