Rome. Après avoir abandonné le modèle du « contrat »1 qui avait sanctionné la naissance du gouvernement de la Ligue des cinq Étoiles, la nouvelle coalition formée par les M5S et le Parti démocratique se présente devant les Italiens (et en particulier aux membres de la plate-forme numérique Rousseau, qui devront aujourd’hui approuver la nouvelle alliance avec leur vote, comme c’est la pratique pour les M5É2 avec une liste plus concise de 26 points programmatiques3, où ce sont davantage les déclarations d’intention qui prévalent.

Si la prudence doit être de mise, l’ébauche de ce programme publié aujourd’hui nous permet cependant de risquer certaines hypothèses sur l’orientation que le nouveau gouvernement entend prendre en Europe. Comme il n’était pas difficile de le prévoir, la sortie de la majorité de la Ligue de Salvini a produit une réduction du ton de défiance vis-à-vis de l’Union. Les références habituelles à la nécessité d’une Europe « plus solidaire, plus inclusive et surtout plus proche des besoins de ses citoyens » et à la nécessité de surmonter la rigidité excessive des contraintes budgétaires européennes (constante de tous les derniers gouvernements, y compris les gouvernements de centre-gauche de la dernière législature) sont toujours présentes. Mais en comparaison avec le « contrat » précédent, les intentions de réforme institutionnelle (notamment la réduction du pouvoir des organes non élus ou le retour de certaines fonctions aux mains des États) et les critiques des directives telles que la Bolkestein ou les traités internationaux comme le TTIP ou CETA ont disparu.

Le point 9 de la nouvelle liste du programme souligne en revanche la « nécessité de collaborer avec la nouvelle Commission » qui s’est formée au cours de ces dernières semaines, et dont la présidente Ursula von der Leyen avait été élue, au Parlement européen, par les deux principales forces politiques qui formeront la nouvelle majorité.

La volonté d’introduire une taxe sur les profits réalisés en Italie par les géants du web (point 22) risque cependant de contrarier l’harmonie que le gouvernement précédent a tenté d’établir avec l’administration Trump. Cet impôt sur le web a été, en effet, la cause d’un récent différend entre Trump et le président français Macron, puisque le président des États-Unis considère l’augmentation de la taxation des géants du web comme une tentative d’entraver certains des grands champions nationaux américains. L’introduction d’une taxe italienne sur le web a par ailleurs été un projet depuis plusieurs années4 mais elle n’a jamais été mise en place.

Perspectives :

  • Aujourd’hui, les électeurs du Mouvement Cinq Étoiles votent sur la plateforme Rousseau, pour rejeter ou confirmer la nouvelle alliance gouvernementale ;
  • Au cours de la semaine (vraisemblablement à partir du matin du 4 septembre) : le président du Conseil en charge lèvera officiellement la réserve, acceptant ainsi formellement la nomination pour former un nouveau gouvernement, le serment du nouveau gouvernement et le vote de confiance au Parlement.
Sources
  1. Contratto per il governo del cambiamento, in La Repubblica
  2. MELZI D’ERIL Carlo et ENEA Giulio, Con il voto su Rousseau uno sgorbio costituzionale e due sgarbi alle istituzioni, in ilsole24ore.com, 28 aout 2019
  3. LAURIA Emanuele, Online la bozza in 26 punti del programma di governo M5s-Pd, la Repubblica, 3 septembre 2019
  4. DI TANNO Tommaso, Un fantasma si aggira per l’Italia : la web tax, in lavoce.info, 19 septembre 2019