Bulgarie : une élection sur fond de scandales

Sofia. Les citoyens bulgares vont élire, ce dimanche 26 mai, leurs 17 représentants au Parlement européen, sur fond de plusieurs scandales impliquant le GERB (Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie), parti conservateur au pouvoir et membre du PPE.

En avril, on apprenait que des appartements de luxe avaient été vendus à un prix dérisoire à des personnalités politiques. L’affaire est rapidement devenue un scandale d’État car un amendement à la législation, voté par la majorité, a permis au constructeur de bâtir un gratte-ciel dans un quartier affluent de Sofia alors que cela était normalement prohibé.« Le procureur général est impliqué dans une histoire de biens immobiliers. Le chef de l’organe anti-corruption est impliqué lui aussi. La ministre de la justice est impliquée. Comment est-ce qu’il pourrait y avoir des conséquences pour ces personnes quand elles sont toutes liées ? » s’interrogeait alors la journaliste qui a révélé le scandale, baptisé « Apartment Gate ». Si l’affaire a provoqué des démissions, cela est révélateur sur le climat de corruption et de népotisme qui règne dans la classe politique locale.1 Autant de travers qui sont régulièrement pointés du doigt dans les rapports de la Commission européenne sur l’état de droit dans le pays : la Bulgarie fait d’ailleurs l’objet d’un mécanisme de surveillance européen de son système judiciaire imposé depuis 2007. Mais ces derniers sont largement considérés comme inefficaces, voire sous influence. Pour Hristo Ivanov, ancien ministre de la Justice du gouvernement de Boïko Borissov (chef du GERB) désormais dans l’opposition, « la commission anticorruption est un “village Potemkine mis en place pour faire croire qu’on fait quelque chose » ».2 En Roumanie pourtant, soumise au même contrôle, des dizaines de responsables ont été déjà condamnés.

Quelques semaines plus tard, une autre affaire éclatait, liée à l’« Apartment Gate » : des hauts fonctionnaires auraient bénéficié de fonds européens pour faire rénover des résidences secondaires qui devaient – officiellement – servir de maisons d’hôte. Mais ces maisons d’hôtes n’ont jamais été ouvertes aux visiteurs. Une vague de démissions a probablement atténué l’effet du scandale, d’autant plus que les révélations se sont aussi étendues à la tête de la liste d’opposition socialiste (Coalition pour la Bulgarie, S&D) et au chef de file d’un des partis d’extrême droite alliés à Boïko Borissov.

En 2014, le GERB était arrivé en tête, obtenant 30,4 % des voix et 6 députés. La liste socialiste de la Coalition pour la Bulgarie, en seconde position avec 18,93 % (4 députés) avait devancé le Mouvement des droits et des libertés (ALDE, 17,27 % et 4 députés). La participation s’élevait à 35,84 % alors que la moyenne européenne était de 42,61 %.

Pour ces élections, le match se jouera vraisemblablement entre le GERB et la Coalition pour la Bulgarie. Début mai, l’effet des scandales a semblé légèrement affecter les intentions de vote pour le GERB (31-32 %) en faveur de la liste socialiste (32-33 %). Les choses ont pourtant tendance à se rééquilibrer à l’approche du jour J. Les tout derniers sondages indiquent une victoire de la liste du GERB (entre 30 % et 32 %) et une deuxième place acquise à la Coalition pour la Bulgarie (entre 27 % et 29 %). Le Mouvement des droits et des libertés, quant à lui, n’obtiendrait qu’entre 10 % et 14 % des suffrages3.

Roumanie : entre européennes et référendum, les sociaux-démocrates en eaux troubles

Bucarest. Ce dimanche 26 mai les Roumains sont appelés aux urnes pour deux scrutins. En effet, le président Klaus Iohannis (PNL, PPE), a convoqué, un référendum portant sur deux questions : l’interdiction de l’amnistie et de la grâce pour les personnes condamnées pour corruption et s’il faut prohiber l’adoption par voie d’ordonnances des mesures en matière d’infractions de corruption et d’organisation judiciaire. Le but est de faire échec aux politiques du gouvernement PSD-ALDE (S&D et ADLE) jugées attentatoires à l’état de droit par la Commission européenne et vraisemblablement destinées à protéger de multiples poursuites le leader des sociaux-démocrates, Liviu Dragnea, pour lui éviter des peines d’inéligibilité4.

Le scrutin européen, celui-ci semble annoncer une chute historique pour les sociaux-démocrates roumains, récemment suspendus en catimini par le Parti Socialiste Européen en attendant les résultats des élections européennes5. Ils passeraient de 45 % lors des dernières législatives (2016) à environ 20 %. Leurs alliés au gouvernement, l’ALDE-Romania (ADLE) doubleraient en revanche leur score en atteignant les 10 %.

Le grand favori du scrutin est le Parti National-Libéral (PPE), mené pour l’occasion par le journaliste Rares Bogdan, qui obtiendrait entre 20 et 28 % des scrutins selon les sources. L’Alliance USR-PLUS (proche de LaREM), portée notamment par l’ancien premier ministre et commissaire européen Dacian Ciolos, est attendue aux coudes-à-coudes avec le PSD, après deux ans de campagne intense contre la corruption. L’ancien président Traian Basescu (PMP-PPE) fait son grand retour sur la scène politique, en ouvrant la liste du parti. C’est aussi le cas de l’ancien premier ministre Victor Ponta, débarqué par des manifestations en 2015 (ex-PSD, il a formé avec d’anciens proches le parti Pro Romania qui s’est joint récemment à l’Alliance des conservateurs et réformistes européens).6.

L’enjeu des élections européennes et du référendum sont cruciaux pour les partis politiques du pays : ils ouvrent en effet la campagne des élections présidentielles qui auront lieu en décembre.