Paris. Lundi 25 mars, la démission de Marc-Antoine Pérouse de Montclos, rédacteur en chef d’Afrique contemporaine, la revue de référence de l’Agence Française de Développement (AFD), a brièvement semé le trouble au sein de l’agence. Marc-Antoine Pérouse de Montclos est également un partenaire de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI), où il ne défend pas des causes particulièrement subversives. Le rédacteur en chef a expliqué sa démission en évoquant un dossier sur le Mali, qui aurait pu entâcher la réputation de l’AFD et dont la publication a été empêchée. Le massacre au Mali de la population du village d’Ogossagou, le samedi 23 mars, à côté de la ville de Bankass, proche de la frontière avec le Burkina Faso, a peut-être accéléré la décision du rédacteur en chef qui avait dirigé un rapport il y a peu sur “la région du lac Tchad aÌ l’épreuve de Boko Haram”. Les noms d’Elf et de Total (qui ont appuyé les travaux de recherche de Marc-Antoine Pérouse de Montclos) n’apparaissent pas une seule fois dans ce rapport où l’on parle pourtant longuement de la baisse des cours du pétrole…

Par glissements successifs Marc-Antoine Pérouse de Montclos a quitté le riche domaine pétrolier du Nigéria 1 pour s’occuper du terrorisme africain et présider la revue Afrique Contemporaine. Cette revue a compté dans son comité de rédaction des individus peu attachés au progressisme, comme François Gaulme ou Nicolas Courtin.

Mais il semble que ce soit plutôt la tension montante entre le rédacteur en chef et Thomas Melonio, Directeur Exécutif “Innovation, Recherche, Savoirs” de l’AFD et ancien monsieur Afrique de François Hollande qui soit à la base de la rupture. Melonio, qui flirte depuis longtemps avec universitaires et syndicalistes, bénéficie de l’appui d’un autre socialiste, le grand patron de l’AFD lui-même, Rémy Rioux, attaché aux trois D de l’Élysée (Développement, Défense, Diplomatie). On notera que le “D” de démocratie a été oublié.

À l’heure actuelle, Laurence Tubiana, présidente du conseil d’administration de l’AFD et ancienne actrice du Club du Sahel (CAD-OCDE), n’a pas réagi.

On peut s’attendre à ce que l’Élysée veille de plus en plus à l’expression des idées et des options en matière de politique internationale de l’AFD. En début d’année, Ahlem Gharbi a rejoint l’Agence française de Développement (AFD) au poste de Directrice des Partenariats. Native de Bizerte, diplomate de carrière, notamment en poste à l’ambassade de France au Caire, avait quant à elle rallié l’équipe d’Emmanuel Macron lors de sa campagne électorale, puis à la Présidence de la République. Elle avait accompagné le président Macron lors de sa visite, l’année dernière à Tunis, les 31 janvier – 1er février 2018.

Olivier Vallée

Sources
  1. PEROUSE DE MONTCLOS Marc-Antoine, The politics and crisis of the Petroleum Industry Bill in Nigeria, The Journal of Modern African Studies, Volume 52, Issue 3, septembre 2014.