En bref — Le 24 décembre 2018, s’éteignait le marja’-e taqlid Mahmoud Hashemi Shahroudi. Pour lui succéder, le Guide Suprême de la Révolution a choisi Sadeq Ardeshir Larijani, déjà à la tête du pouvoir législatif et membre de l’Assemblée des experts.

Téhéran. Officiellement, le Guide Suprême de la République d’Iran, Ali Khamenei, n’a jamais donné le nom de celui qui sera amené à lui succéder le moment venu, même si, en coulisses, le nom de Mahmoud Hashemi Shahroudi faisait souvent office de favori. Toutefois, à soixante-dix ans, ce dernier fut emporté par une tumeur cérébrale en décembre dernier (4). Pour le remplacer à la tête du Conseil de discernement de l’intérêt supérieur du régime, Ali Khamenei a opté pour Sadeq Ardeshir Larijani, qui avait déjà succédé à Shahroudi, en 2009, en tant que chef de la Justice. Par ailleurs, il siège aussi à l’Assemblée des experts depuis 1998 et son frère, Ali Larijani, est le président du Majles, le Parlement iranien.

Dans sa traduction commentée de la Constitution de la République Islamique d’Iran, Michel Potocki donne une définition succincte de ce conseil : « Pour résoudre les conflits entre le Majles et le Conseil des Gardiens, la Constitution comporte depuis 1989 un Conseil de discernement de l’intérêt du régime, nommé par le Guide, à qui il peut, notamment, proposer des mesures non conformes à la sharia’  » (2). Trente-huit membres le composent, dont trente-quatre conservateurs. La nomination de Larijani pourrait peser en faveur des conservateurs dans les débats entre le Majles et le Conseil des Gardiens sur l’adoption des recommandations du Groupe d’Action Financière (GAFI).

Bien que rien n’indique que cette nomination lui ouvrira la voie à la succession d’Ali Khamenei, elle confirme les a priori de l’administration américaine, pour qui Sadeq Larijani représente la frange dure des conservateurs. En 2012, l’Union européenne s’inquiétait déjà de son influence au sein de l’Assemblé des Experts : « Depuis que Sadeq Larijani a pris ses fonctions, les arrestations arbitraires de prisonniers politiques, de défenseurs des droits de l’homme et de minorités ont nettement augmenté » (1). Ces mêmes critiques furent de nouveau émises lors de récents mouvements populaires. Les États-Unis ont appuyé ces critiques en adoptant des sanctions nominative à son égard (5).

Perspectives :

  • 16 février 2019 : prochaine réunion plénière du GAFI.

Sources :

  1. Why Did the U.S. Sanction Iran’s Sadegh Amoli Larijani ?, Critical Threats, 12/01/2019.
  2. POTOCKI Michel, Constitution de la République Islamique d’Iran 1979-1989, Paris, L’Harmattan, 2004.
  3. Leader appoints Ayat. Sadeq Amoli Larijani as new Expediency Council chief, Press TV, 30/12/2018.
  4. Chairman of Iran’s Expediency Council passes away, Tehran Times, 24/12/2018.
  5. U.S. Department of the Treasury, Treasury Sanctions Individuals and Entities for Human Rights Abuses and Censorship in Iran, and Support to Sanctioned Weapons Proliferators, 12/01/2019.

Maxime Onfray