Varsovie. En visite à Berlin le 23 octobre, le Président polonais, Andrzej Duda a de nouveau exprimé son opposition au projet de gazoduc Nord Stream 2 lors d’une conférence commune avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. En retour, M. Steinmeier a appelé la Pologne à respecter la demande de la Cour de justice de l’Union (CJUE) concernant la suspension de la réforme de la Cour suprême polonaise (2). Le lendemain, à l’occasion du Warsaw Security Forum, le chef de la diplomatie polonaise, Jacek Czaputowicz a rappelé qu’au-delà des questions de sécurité énergétique Nord Stream 2 impliquait des enjeux de défense : “La ligne de transmission du Nord Stream 2 donne à la Russie un prétexte pour patrouiller dans l’ensemble de la mer baltique et peut être utilisée pour faire transiter des informations. Ce projet a une dimension militaire.”(3).

Il y a deux semaines nous vous évoquions le combat juridique que mène PGNiG contre Gazprom ainsi que le choix de l’entreprise polonaise de se tourner vers le GNL américain. Le 25 octobre, le NATO Energy Security Center of Excellence de Vilnius a annoncé son sponsoring par la Pologne, un acte significatif pour un pays qui conçoit le futur énergétique de l’Europe dans une dimension transatlantique (1).

Lundi dernier, la Pologne a salué la volonté d’Angela Merkel d’aller jusqu’au bout de son mandat malgré le revers électoral subit, soulignant le “rôle stabilisateur” que la chancelière a pour l’Union. Mais même au cours de cet hommage, Czaputowic n’a pas pu s’empêcher d’évoquer la question gazière.  “La position de l’Allemagne sur la troisième directive européenne gazière est anti-européenne. L’Allemagne bloque l’adoption de la directive pour défendre ses intérêts”, déclare-t-il (4). La Pologne estime que l’Allemagne et l’Autriche bloquent les travaux au Conseil de l’Union portant sur la nouvelle directive sur l’efficacité énergétique qui pourrait au minimum retarder la construction du Nord Stream 2 et contraindre la Russie à négocier les conditions du projet.

Perspectives :

  • Grâce à son terminal GNL et le projet de gazoduc Baltic Pipe la Pologne espère se passer du gaz russe d’ici 2022.

Sources :

  1. BRZOZOWSKI Alexandra, Nord Stream 2 exposed as Russian weapon against NATO, Euractiv, 25/10/2018
  2. NATO ENSEC COE welcomes the Republic of Poland as a Sponsoring Nation, NATO ENERGY SECURITY Center of Excellence, 25/10/2018
  3. Polish President slams Nord Stream 2 in Berlin visit, Poland in English, 23/10/2018
  4. Varsovie juge important qu’Angela Merkel aille jusqu’au bout de son mandat, AFP, 29/10/2018

Sami Ramdani