Thessalonique. Le 10 octobre dernier, la police grecque a retrouvé les corps de trois femmes, près du fleuve Evros, près de Meric (3). Le fleuve constitue une importante frontière entre la Turquie et la Grèce et est fréquemment traversé par des migrants et des demandeurs d’asile. Les causes des décès de ces femmes n’ont pas encore été élucidées : les pouvoirs publiques, en collaboration avec la police locale, s’efforcent toujours de trouver le fil rouge d’un fait divers qui met en lumière une question importante, à savoir la gestion des flux migratoires de la Turquie vers l’Union.

En effet, au cours de l’année écoulée, le nombre de migrants et de demandeurs d’asile qui traversent la frontière entre la Turquie et la Grèce a augmenté, tandis que les flux vers l’Europe de l’Est se sont fortement arrêtés, notamment en raison des dernières politiques menées par les États dans la région. Face à cette situation aggravée, Athènes a pris des mesures pour renforcer la sécurité aux frontières.

La frontière entre la Grèce et la Turquie est une frontière souvent touchée par des faits similaires aux événements du 10 octobre : le Haut Comité aux Réfugiés a déclaré qu’il y a eu environ 2000 victimes enregistrées dans la région entre janvier et juillet 2018.

Perspectives :

  • Bien que les flux via la Turquie aient considérablement ralenti, les îles grecques, qui sont très proches de la frontière turque, ont connu une augmentation du nombre de migrants. À cet égard, il est concevable que les flux puissent continuer à augmenter.
  • Comme le suggèrent également certains journaux grecs locaux, il est essentiel de s’intéresser à l’intégration des migrants dans la région, en commençant par l’apprentissage des langues (2). Sur les 800 000 Syriens en Grèce, seuls 20 000 ont un emploi. D’autres sont employés illégalement, en particulier les femmes et les enfants.
  • En ce qui concerne l’Union, cette dernière aurait trois choix pour contenir les flux : demander l’appui de la Turquie, en assurant le traitement des réfugiés dans les pays de transit concernés ; exercer une plus grande pression diplomatique, notamment en ce qui concerne la question kurde ; s’engager dans une coopération régionale renforcée, impliquant la Syrie et la Turquie dans les processus de consolidation de la paix (1).

Sources :

  1. ALFRED Charlotte, HOWDEN Daniel, Expert Views : The E.U.-Turkey Deal After Two Years, Refugees Deeply, 20 mars 2018.
  2. The EU-Turkey refugee agreement : a review, Deutsche Welle, 18 mars 2018.
  3. Three women found dead on Greece-Turkey border, Hurriyet Daily News, 11 octobre 2018.

Alessia Chiriatti