Londres. Les brexiters veulent persuader Theresa May d’abandonner son plan de Chequers, craignant une victoire de Bruxelles sur l’ensemble de la négociation. Le Livre blanc, présenté par le gouvernement début juillet, proposait de mettre fin à la libre circulation des personnes et à la juridiction de la Cour de justice de l’Union, en prévoyant la création d’une zone de libre-échange avec un ensemble de “règles communes” pour les biens industriels et les produits agricoles. Le plan avait déplu à tout le monde mais en particulier à l’Union, qui estimait et estime toujours insatisfaisante la solution proposée sur la frontière nord-irlandaise, principale ligne rouge posée par Michel Barnier, négociateur en chef de la Commission européenne pour le Brexit.

Celui-ci a tout juste appelé Londres à détailler en urgence sa proposition sur l’Irlande. Mais les divisions sur ce point sont encore profondes (2). D’un côté, le European Research Group, qui défend un Brexit dur a proposé sa propre version de la frontière irlandaise, qui prévoit une équivalence dans les arrangements avec l’Union, notamment en matière de commerce des denrées alimentaires. Le gouvernement qui s’était prononcé avec le plan de Chequers pour une “harmonisation continue” aux règles de l’Union, continue à rester de cet avis (1).

La polémique des brexiters concerne la plan dans son intégralité (3). Selon Steve Baker, ex-Ministre du Brexit qui a démissioné suite à l’accord de Chequers, 80 députés seraient prêts à voter contre, creusant une importante division au sein du parti et du gouvernement. Dans une tribune du Mail on Sunday la semaine dernière, l’ancien Ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, qui a également démissionné suite à Chequers, a qualifié d’”humiliation” la proposition présentée par le Premier Ministre car elle contribuerait à soumettre, selon lui, la Grande-Bretagne à un chantage permanent. Il estime, en effet, que le risque pour les partisans du Brexit est de sortir perdants de la négociation avec Bruxelles sur les points les plus importants (4).

Michel Barnier a déclaré qu’un accord est possible d’ici la mi-novembre, mais uniquement à condition de faire des choix politiques. La balle est maintenant dans le camp de Theresa May.

Perspectives :

  • Mi-novembre : conclusion d’un accord en vue de la ratification par Westminster et le Parlement européen avant mars 2019.

Sources :

  1. CAMPBELL John, Reality check : a plan to unlock the Irish border problem, BBC, 12 septembre.
  2. Boris Johnson voit l’UE victorieuse des négociations, Challenges, 3 septembre.
  3. RANDERSON James, Tory party faces catastrophic Brexit split, says former minister, Politico, 9 octobre.
  4. SERISIER Pierre, Une tribune de Boris Johnson sur le Brexit vivement condamnée, Reuters, 9 septembre.