Bamako. Un candidat à la démocratie a été ignoré et cependant malmené durant les élections présidentielles maliennes. Il ne s’agit pas d’un membre de la vingtaine d’aspirants à la magistrature suprême. Deux d’entre eux dominent à présent, reléguant les autres à des tractations diverses. En tête de liste, sortant vainqueurs du premier tour électoral du 29 juillet, on trouve le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, un cacique de l’internationale socialiste entouré de camarades dirigeants au Niger et en Guinée, nostalgique de Gbagbo et adoubé par François Hollande. Au second rang, on trouve Soumaila Cissé, le modèle technocratique d’une génération déjà obsolète dans cette nation à la démographie juvénile. Mais un candidat n’aura droit ni aux sollicitations ni aux promesses qui suivent le premier tour et a été exclu de la compétition depuis longtemps. Il s’agit des media courageux, les plus vulnérables.

Un journaliste malien a disparu après être passé par la Direction Générale de la Sureté de l’État dont Soumeylou Boubeye Maiga, actuellement Premier ministre, a été le chef. Les journalistes du quotidien l’Indicateur du renouveau, de Renouveau  TV et de la radio Renouveau FM n’ont pas quitté les locaux du groupe depuis plusieurs jours sur l’ordre du gouverneur de Bamako. Plus silencieux, le torpillage du Sphinx se poursuit avec l’interruption des abonnements et le non-règlement des factures arrivées à échéance (1). Ce média avait révélé de nombreuses malversations financières entachant le règne d’Ibrahim Boubacar Keïta, sans épargner non plus ses prédécesseurs. La mise à mal de la liberté d’informer nourrit les rumeurs et donne crédit au dédain des terroristes pour les choix des citoyens. Comme écrivait Slavoj Zizek, “ceux qui ne sont pas prêts à critiquer la démocratie libérale devraient aussi se taire sur le fondamentalisme religieux” (2).

Perspectives :

  • 12 Août 2018 : deuxième tour des élections présidentielles au Mali, entre le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé. Ibrahim Boubacar Keïta paraît le clair favori, sortant du premier tour avec plus de 41 % des voix, tandis que son rival n’en a obtenu que 17,8 %.

Sources :