Bamako. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a été confirmé Président de la République du Mali. Le second tour de scrutin entre le président sortant et le principal représentant du camp de l’opposition, Soumaïla Cissé, a garanti la réélection de IBK avec 67,17 % des voix, bien que seulement 34,54 % des ayants droit aient décidé de se rendre aux urnes pour le second tour et que de graves accusations de fraude aient été portées contre le gouvernement (1).

Avant même que les résultats ne soient connus, Cissé avait annoncé leur rejet, arguant qu’il ne reconnaîtrait pas une éventuelle défaite et anticipant le dépôt d’un recours en annulation devant la Cour constitutionnelle (4). La coalition de soutien à la candidature de Cissé a appelé la population malienne à se mobiliser : elle est notamment accusée d’être responsable des taux de participation extrêmement élevés enregistrés dans certains territoires du Nord – 89 % dans la région de Kidal, où en 2013, seuls 5 % des électeurs avaient exprimé leur opinion – malgré une situation sécuritaire particulièrement compliquée, caractérisée par des attaques terroristes fréquentes et des violences communautaires généralisées, qui ont empêché, entre le premier et le deuxième tour, la conduite des procédures de vote dans de nombreux endroits du centre et du nord du pays (5).

Les élections au Mali ont fait l’objet d’une attention européenne et française : Paris et Bruxelles restent en effet des acteurs centraux dans les processus de sécurisation du Sahel, soucieux d’assurer la stabilité politique du Mali et des Etats sahéliens nécessaire pour contrer la menace du Jihad et contenir les flux migratoires vers la Méditerranée (2). L’Union, en particulier, a mis en place une mission d’observation électorale dans le pays : tout en admettant certaines irrégularités de procédure, l’eurodéputée italienne Cécile Kyenge, à la tête de la mission, a certifié le bon déroulement des élections (6), s’attirant les foudres des partis d’opposition et des mouvements de citoyens. Parmi les premiers chefs d’État à féliciter Keïta, Emmanuel Macron s’est félicité de la réélection du Président du Mali, réitérant « l’engagement de la France, aux côtés des autorités et du peuple maliens, à relever le défi de la lutte contre le terrorisme et à encourager l’investissement et le développement économique » (3).

Perspectives :

  • Dans les semaines à venir, la Cour constitutionnelle malienne – qui a confirmé le 17 août la validité des résultats des élections – sera appelée à se prononcer sur le bien-fondé des recours introduits par Cissé concernant la régularité des procédures de vote.

Sources :

  1. DIALLO Tiemoko & KONTAO Fadimata, Mali president Keita wins landslide election ; faces uphill struggle, Reuters, 16 août 2018.
  2. DE GEORGIO Andrea, Mali dopo il voto : va sempre peggio ?, ISPI, 01 août 2018.
  3. Élysée, Entretien téléphonique entre le Président de la République et Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali, communiqué de presse du 17 août 2018.
  4. LE CAM Morgane, A Bamako, la victoire d’IBK fêtée par les uns, rejetée par les autres, Le Monde Afrique, 17 août 2018.
  5. Présidentielle Mali : premières estimations sur la participation au premier tour, RFI, 13 août 2018.
  6. Présidentielle au Mali : la Mission d’observation européenne rend ses conclusions, RFI, 14 août 2018.

Camillo Casola