Paris. Le 29 mai, Jornal de Angola, un journal proche du pouvoir, titrait “L’Angola compte sur la France”. La veille, le président João Lourenço était reçu à l’Elysée pour une visite de trois jours en France, sa première visite en Europe. Joao Lourenço succède à Dos Santos qui est venu à bout de la rébellion de l’UNITA, longtemps soutenue par des intérêts français. Il a gagné le surnom “Terminator” dans son combat contre la corruption. L’un des objectifs affichés de cette visite et de la coopération avec la France est la diversification de l’économie angolaise, notamment via le secteur agroalimentaire. Le programme comprend la visite, dans le Sud-Ouest, d’une exploitation agricole et d’une école d’agriculture.

Pour autant, les hydrocarbures restent au cœur de la relation franco-angolaise dans l’après Angola-gate, en témoigne la série d’accords signés entre les présidents de Sonangol et Total en parallèle de la visite présidentielle. Total et ses partenaires (Equinor, ExxonMobil et BP) vont investir dans le développement du projet offshore Zinia 2 qui nécessite 1,2 milliard de dollars. La capacité de production de 40 000 barils par jour de Zinia 2 permettra de soutenir celle du champ de Pazflor en mutualisant des unités flottantes de production et de stockage existantes. L’investissement est possible « grâce à la mise en place d’un cadre fiscal favorable [pour ce genre de projet de taille plus petite] par les autorités angolaises » selon Arnaud Breuillac, directeur général de l’Exploration-Production de Total (6). Total et Sonangol se sont aussi associés à 50/50 pour mener l’exploration offshore du bloc 48 (2). Les deux entreprises comptent également créer une joint-venture  pour développer un réseau de stations-service en Angola, opération permise par l’ouverture récente du secteur à la concurrence. Ainsi continue « la grande aventure de l’offshore très profond » en Angola, là où Patrick Pouyanné a « appris le pétrole ».

Perspectives :

  • L’exploration du bloc 48 se fera par une première phase de deux ans comprenant le forage d’un puits, à l’horizon 2020. Total opère également le projet Kaombo du bloc 32. Le démarrage du premier FPSO (Floating production storage and offloading), Kaombo Norte, est prévu à l’été 2018.
  • L’Angola dispose d’une armée qui bien que vieillissante offre des ressources pour sauver d’un plus grand chaos d’éventuels bastions menacés de l’Afrique centrale comme le Congo et la RDC. Les accords pourraient implicitement ouvrir sur une collaboration stratégique entre la France et l’Angola.

Sources :

  1. BARROS Vincent, Le nouveau président angolais mise sur la France, Courrier international, 29/05/2018.
  2. Angola : Total lance un projet et finalise une série d’accords, Jeune Afrique, 28/05/2018.
  3. LE BEC Christophe, Interview – Patrick Pouyanné : « Le leader du pétrole en Afrique, c’est Total », Jeune Afrique, 12/09/2016.
  4. Le président angolais João Lourenço en visite en France, RFI, 28/05/2018.
  5. Total relance des investissements en Angola et diversifie ses activités, RFI, 29/05/2018.
  6. Angola : Total lance le développement du projet Zinia 2 sur le bloc 17 en offshore profond, Total, 28/05/2018