Porto-Novo. Dans un entretien exclusif avec François Expert pour notre revue Le Grand Continent, l’ancien premier ministre du Bénin Lionel Zinsou nous a parlé du rapport des Etats africains avec le franc CFA, monnaie utilisée dans nombreux pays subsaharien et souvent critiquée comme instrument néocolonial français.

Lionel Zinsou, aujourd’hui directeur du think tank Terra Nova, relativise l’opposition des populations : “À vrai dire, les populations ne sont pas vraiment préoccupées par la question du franc CFA. Une monnaie fait son travail quand elle permet de réaliser des paiements, quand n’est pas trop volatile, quand il n’y a pas de marché des changes multiples. Le franc CFA répond à ces attentes”.

Quelle est donc la position des adversaires du franc CFA ? “Les adversaires du franc CFA comme ceux de l’euro pensent qu’ils peuvent entretenir leur fonds de commerce patriote sur ce thème. L’idée qu’ils présentent est que les relations monétaires inégales empêchent la compétitivité des économies nationales. Selon eux, la raison pour laquelle on n’a pas les performances de l’Asie, c’est le franc CFA”.

Les mêmes arguments sont souvent avancés à propos de l’euro. La corrélation est frappante :C’est en effet une maladie commune aux zones monétaires. L’explication monétaire aux problèmes économiques nationaux a le mérite d’être très simple, par opposition à des réformes complexes. Je crois, plus sérieusement, que l’éclatement d’un facteur d’unité aussi puissant dans la région africaine serait très dommageable. Pour ma part et comme citoyen africain, je suis très attaché au franc CFA comme instrument d’unification”.

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