Histoire

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C’est l’événement transatlantique le plus important de l’année.

Le 6 juin aura lieu une commémoration historique — les 80 ans du Débarquement de Normandie. Alors que le lien entre les deux rives de l’océan doit faire face aux incertitudes de l’année des grandes élections, le travail de mémoire revêt en 2024 une coloration politique. Philippe Etienne, président de la mission chargée de cette commémoration, revient sur le rôle clef de cette mémoire dans le récit franco-américain.

Comment écrire pour ceux qui ont été massacrés  ? Cette question hante l’œuvre de Scholastique Mukasonga qui a érigé des «  tombeaux de papiers  » pour les 37 membres de sa famille assassinés pendant le génocide des Tutsi. Dans ce long entretien, la romancière revient sur son parcours, son éveil à la littérature et sa volonté d’articuler par la langue les passés et le présent du Rwanda.

L’Holodomor — l’extermination par la faim de 4 millions d’Ukrainiens — a façonné l’identité ukrainienne.

Mais elle n’est pas la seule famine de l’ère soviétique. Le règne de Staline a été marqué par les dernières grandes famines européennes, intentionnellement orchestrées pour certaines, oubliées pour la plupart. Dans une étude fouillée, Nicolas Werth fait le point et relève les dernières avancées de l’historiographie.

Soviétiser des espaces immenses, impossibles à parcourir.

Dans des travaux pionniers, Isabelle Oyahon a montré comment les famines intentionnelles et la sédentarisation forcée des nomades ont façonné brutalement l’Asie centrale. À partir du cas du Kazakhstan, elle dresse une vaste généalogie jusqu’à nos jours — et la longue absence de loi mémorielle sur cette histoire oubliée.

En 1988, 61 pays du Sud devaient à l’Union soviétique 150 milliards de dollars.

Pour promouvoir les intérêts russes en Afrique, les envoyés du Kremlin ont aujourd’hui une référence à faire valoir  : du Mozambique au Ghana, les liens économiques entre le continent africain et l’URSS ont été nourris. Entre recours massif au crédit et pression par le rouble, Elizabeth Banks nous replonge dans cette histoire trop méconnue.

Dans la plus pure tradition impérialiste, la Russie de Poutine a renoué avec un instrument privilégié de l’URSS  : la pratique de l’inversion accusatoire. La dénonciation de l’impérialisme occidental fonctionne dans les anciens pays colonisés — tout en occultant l’invasion et les crimes en Ukraine.
Dans un nouvel épisode de notre série «  Violences impériales  », Céline Marangé revient aux sources soviétiques de ce stratagème.

Pour asservir des populations, Staline avait une stratégie aussi simple que cynique  : défendre en apparence le principe de l’État-nation. Aujourd’hui, Poutine prétend que Russes et Ukrainiens constituent un même peuple pour aliéner Kiev. Nouvel épisode de notre série historique «  Violences impériales  : l’actualité russe du passé soviétique  ».

Dans les tranchées, sous les canons, on se bat aussi contre des mythes. En regroupant les régions de Donetsk et de Lougansk sous le terme artificiel et trompeur de «  Donbass  », la propagande soviétique avait assigné à ces terres un statut. Aujourd’hui, la Russie de Poutine veut à nouveau les accaparer.

Dans ce témoignage, l’historienne et activiste ukrainienne Olena Stiazhkina revient sur les formes de leur résistance.

Nettoyer les confins, réprimer les ethnies, se débarrasser des «  éléments suspects  ».

Dans cette étude-cadre, premier épisode de notre série «  Violences impériales  », Juliette Cadiot dresse un panorama historique des répressions nationales en Union soviétique. Une xénophobie d’État bientôt érigé en dogme, dont la mémoire a conditionné le monde post-soviétique aujourd’hui en guerre contre la Russie de Poutine.

Un continuum de violences. Une chaîne de l’impunité.

La guerre impériale n’a pas repris — elle n’a tout simplement jamais cessé. Depuis le 24 février 2022, elle a, une fois de plus, changé de forme. Nous lançons aujourd’hui une série importante, co-dirigée par Juliette Cadiot et Céline Marangé (Mémorial France), qui ouvrira les pages de la revue à des spécialistes des violences d’empire de l’époque soviétique en montrant leurs échos dans le projet de Poutine.