Guerre

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La (dé)militarisation, le désarmement, le contrôle des armes et des différents instruments de violence, sont des enjeux à la fois sociaux et économiques centraux, face aux événements qui secouent le Myanmar. Selon Francesco Buscemi, ces questions sont centrales  : elles nous donnent les clés de lecture permettant d’interpréter le soi-disant coup d’État et la déclaration (inconstitutionnelle) d’état d’urgence, et représentent des potentiels terrains socio-économiques qui nous permettent de repenser les relations entre les sociétés et les institutions (étatiques et non étatiques) sur des bases transethniques et intersectionnelles.

D’une manière ambivalente, la crise au Haut-Karabakh semble relativiser la perte de vitesse de la Russie dans son étranger proche. Elle a fait preuve d’un aveu de faiblesse de par son inaction, mais aussi d’une démonstration de force avec le déploiement d’une opération de maintien de la paix et son soutien au premier ministre arménien Nikol Pachinian, pourtant largement «  lâché  » au plan national.

Dans la confrontation qui émerge entre l’aigle et le dragon, en quoi démocratie et autoritarisme peuvent-elles jouer un rôle  ? Peut-être peut-on trouver des éléments de réponse dans l’histoire comparée, propose Matthew Kroenig dans son essai The Return of Great Power Rivalry.

Le 10 novembre 2020, l’Azerbaïdjan et l’Arménie signaient sous l’égide de la Russie un accord mettant fin aux hostilités dans le Haut (ou Nagorno) — Karabakh. Après six semaines de guerre, l’Azerbaïdjan reprenait le contrôle des sept districts peuplés d’Azéris et de Kurdes qui étaient occupés par les Arméniens depuis 1994. Elle recevait également le droit de maintenir ses forces armées dans les territoires conquis, dont le district de Chouchi qui commande le corridor étroit de Lachine entre l’Artsakh, selon l’appellation arménienne du Nagorno-Karabakh, et l’Arménie. Cette victoire nette de l’Azerbaïdjan a pu surprendre ceux qui étaient restés sur les défaites humiliantes des armées 1990 face à des troupes arméniennes incontestablement supérieures, plus motivées et mieux commandées. Elle ne doit pourtant rien au hasard.

La force privée est devenu un véritable marché. Personne ne sait combien de milliards de dollars circulent sur ce marché illégal. Depuis le début du siècle, l’activité des mercenaires a joué un rôle majeur en Afghanistan, en Irak, au Yémen, au Nigeria, en Ukraine, en Syrie et en Libye – plus récemment dans les combats du Haut-Karabakh. L’État moderne, qui, depuis 1648, se définissait par le monopole de la force, a changé sans que personne ne s’en rende compte.