Hugo Sancho


A l’heure où le marché européen du carbone commence à produire des résultats, la Chine lance son propre marché carbone unifié. Bien que très peu contraignant pour l’instant, notamment par l’absence de plafond sur les émissions, le marché chinois du carbone marque un premier pas dans la stratégie climatique chinoise qui vise la neutralité carbone en 2060. La mise en place de ce marché, qui tient en partie de la diplomatie climatique de l’Union européenne, permettra-t-elle une inflexion de leurs émissions dès 2030, comme le souhaite le gouvernement chinois  ?

La Commission européenne a annoncé mercredi 27 mai son plan de relance et son budget pour la période 2021-2027. Elle se targue de mettre le Green Deal au cœur de la relance économique, avec notamment une forte hausse des investissements dans les infrastructures «  vertes  ». Tandis que le développement des technologies bas carbone semble ambitieux, le débat se concentrera sur la relance de secteurs industriels fossiles, ou directement dépendants des énergies fossiles (automobile, aviation, tourisme), sur laquelle la Commission apporte à ce stade peu de garanties. Analyse en amont du prochain Conseil européen du 19 juin, crucial pour la précision et la mise en oeuvre du plan.

Les pays européens, bon indice de performance environnementale

En plein confinement, l’Union européenne réfléchit déjà à la relance de l’économie. Alors que certains lobbies cherchent à alléger les réglementations environnementales, de nombreuses initiatives appellent au contraire à intégrer le Green Deal au cœur du plan de relance d’après-crise. Cette crise questionne par ailleurs le modèle économique européen et ses potentielles failles, et pourrait mener à une politique de résilience et de sobriété allant au-delà d’une relance verte.

Le Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg a approuvé le 12 février la liste de Projets d’intérêts communs proposée par la Commission européenne. Cette liste de projets d’infrastructures énergétiques prioritaires comporte 32 projets gaziers, ce qui a suscité l’indignation des Verts, de la gauche et même des critiques du groupe centriste Renew Europe. Au-delà de cette liste, l’Union européenne semble loin de se détourner du gaz, entre l’éloge d’un moyen de remplacer le charbon, deux fois plus émetteur de CO2, et la promesse d’un gaz «  vert  ».

La politique climatique de l’Union Européenne obtient pour le moment des résultats mitigés. Au moment où l’ambition de réduction des émissions dans l’Union augmente (-40  %, voire -50  % ou -55  % en 2030), il est primordial que celle-ci mette en place un ajustement carbone aux frontières pour empêcher que ces émissions ne soient simplement transférées à l’étranger.

Responsable de près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre mondiales, le charbon devient de plus en plus problématique face à l’urgence climatique. Il reste une énergie très utilisée pour la production d’électricité, en particulier en Asie et en Afrique. Largement disponible et souvent peu cher, le charbon est la deuxième source d’énergie au monde et la première source de production électrique. L’Agence Internationale de l’Énergie prévoit d’ailleurs en 2019 que son usage restera stable dans les années à venir. En Europe, néanmoins, les politiques de renoncement au charbon se multiplient, à l’échelle des États comme des institutions financières à l’exemple de la Banque européenne d’investissement. Face à ces signaux contradictoires, quel avenir pour le charbon en Europe et dans le monde  ? Décryptage.

Jean-Martin Folz a remis lundi 28 Octobre 2019 son rapport sur la construction de l’European Pressurized Reactor (EPR) de Flamanville à la direction d’EDF. L’ancien PDG de PSA y dresse un constat désolant des nombreuses erreurs et imprévus qui ont émaillé la construction de ce nouveau réacteur nucléaire, aboutissant à un coût actuel de 12,4 Mds d’euros pour une mise en service fin 2022, par rapport à 3,3 Mds € et une mise en service en 2012 initialement prévue. Cela contraste avec le chantier de Taishan en Chine dont le deuxième réacteur EPR à été raccordé au réseau en juin dernier malgré avoir débuté 2 ans plus tard. Des nombreuses apprentissages sont donc à tirer pour des futures chantiers d’EPR qui demeurent, pour l’instant, incertains, mais qui pourraient s’avérer nécessaires pour la lutte européenne contre le changement climatique.

Emmanuel Macron a déclaré ce vendredi 23 août qu’il bloquerait l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, accusant le président brésilien Jair Bolsonaro d’avoir «  menti  » sur ses engagements environnementaux. Tandis que les images des graves incendies en Amazonie font le tour du monde, la politique du président brésilien est vivement critiquée, tout comme sa réaction face aux incendies. Au-delà de l’émotion générée par l’ampleur catastrophique de ces feux de forêts, se dessine une remise en question profonde des bienfaits du libre-échange par l’opinion publique européenne.