L’Espagne est dans l’œil du cyclone de la pandémie COVID-19. Ces dernières semaines, beaucoup d’encre a coulé pour tenter d’expliquer la réaction modérée de Pedro Sanchez à la suite des premiers cas dans le pays, ce qui aura d’énormes conséquences géopolitiques pour l’Espagne dans les années à venir. Bien sûr, en Espagne, parler de géopolitique implique aussi de parler des différentes traditions religieuses et théologiques ; plus précisément, des différences entre le catholicisme et les pays protestants en Europe. C’est un débat qui traverse tout le pays lorsqu’il recherche sa propre forme de modernité.
La pandémie de Covid-19, qui a démontré comment les nouvelles technologies peuvent rendre la gouvernance plus efficace – en ce moment, littéralement sauver des vies – s’est également révélée être un catalyseur pour les processus de surveillance et d’utilisation des données qui risquent de remettre profondément en question les droits acquis. Dans ce contexte, l’Europe est confrontée à un défi pour la souveraineté numérique : la seule façon d’être souverain sur sa liberté est de disposer d’institutions modernes et démocratiques, à la hauteur des défis contemporains.
Des mots, des actes ? Dans un brillant discours prononcé le 13 février 2019, l’actuel Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, posait les bases d’une doctrine de la puissance européenne vue d’Amsterdam. Un an plus tard, en pleine crise du Coronavirus, après un Conseil catastrophique et un positionnement que le Premier ministre portugais a qualifié de « répugnant, mesquin et contraire au discours de l’Union européenne », ce texte mérite de paraître dans le format archives et discours du Grand Continent.
À l’heure du coronavirus, comment traduire la réalité dystopique en fiction ?
Deux choses très importantes se sont produites hier, et aucune n’a eu lieu au Conseil européen. Tout d’abord, le nombre de demandes d’allocations chômage aux États-Unis a été un véritable choc pour l’Amérique. Ensuite, le président américain a changé de ton et préconise désormais une stratégie de confinement très courte avec l’objectif explicite d’être « ouvert aux affaires ». Si les États-Unis s’écartent du consensus international actuel sur le confinement, ils pourraient déchirer l’Europe.
La crise est mondiale, elle est surtout géopolitique. Parti de Chine, arrivé en Europe, pris au sérieux en retard aux États-Unis, le coronavirus met en exergue les logiques qui sous-tendent les relations internationales.
On assiste à une tendance profonde de recomposition de la ligne économique et sociale des droites dans les pays riches occidentaux, en parallèle avec leur tournant nationaliste dans l’idéologie. Cette nouvelle politique ressemble à ce qu’on pourrait appeler le « néofordisme ». Explications.
Le samedi 14 mars, lors d’un meeting du parti au pouvoir ZANU-PF, la ministre de la Défense du Zimbabwe, Oppah Muchinguri-Kashiri a affirmé que l’épidémie de coronavirus était une punition divine contre l’Occident pour les maux infligés par ce dernier à son pays. Si une telle accusation peut faire sourire, elle implique des réalités plus matérielles pour le Zimbabwe, qui pourrait être rapidement débordé en cas d’épidémie.
En Europe une sorte de tournant stratégique dans la lutte contre la pandémie semble s’être amorcé, avec des implicites qu’il s’agit de comprendre au plus vite.
Que se passera-t-il autrement lorsque les conséquences des choix que certains parmi les principaux leaders européens sont en train de faire en ce moment deviendront évidentes ?
Pour comprendre le sens de la riposte chinoise au Covid-19, informée par un usage inédit des nouvelles technologies, et son impact potentiel sur l’Europe, il convient de reconsidérer la conception politique de l’âme taoïste et des habits confucéens, qui structurent en profondeur le système sociopolitique chinois. Du laboratoire que constitue la crise du coronavirus en Chine proviennent de nouvelles perspectives sur son concept de pouvoir, et sur la critique immanente du nôtre.