Méditerranée

Long format

Lorsqu’elle descend en train vers Vico Equense depuis son université de Cambridge, Helen Thompson a toujours un ou deux volumes de Roberto Calasso dans sa valise.

L’été dernier, elle a lu Moby Dick en regardant la mer.

Depuis son premier contact avec le Vesuve — «  à douze ou treize ans  » — il ne l’a jamais quitté.

Pour l’économiste anglaise, la baie de Naples a été «  un point de départ symbolique  ».

Notre série d’été Grand Tour pose ses valises en Italie.

Sur les pas de D’Annunzio, des Agnelli et de Thomas Mann, l’écrivain Edoardo Nesi (prix Strega 2010) a fait de Forte dei Marmi son lieu de villégiature unique — au point de développer une douce obsession.

Pour son extraordinaire assiduité et sa fidélité à la ville, le maire l’a fait citoyen d’honneur de la cité balnéaire.

En nous racontant la recette d’un Martini magique, les gloires passées d’une boîte de nuit déchue, les villas légendaires, les très longues plages, Nesi nous dévoile l’usage de l’été sur la côte toscane.

La scène pourrait ouvrir un roman.

Gérard Araud a vingt ans. Il est face au Parthénon. Il pleure de joie — la Grèce ne le quittera plus.

Aujourd’hui, à Hydra, il retrouve chaque année les coquelicots, les chemins de la ville à l’eau et les fantômes de l’île comme Leonard Cohen ou Jackie Onassis. Mais aussi l’esprit des exilés, de retour pour Pâques.

Et toujours la même énigme  : la couleur de l’eau.

Un secret, une bataille et une blessure de jeunesse.

Missolonghi est surtout oxymore  : rester libre alors qu’on est assiégé.

Depuis qu’elle l’a vu renaître, Nikos Aliagas y revient tous les ans.

Pour ouvrir la saison 2026 de Grand Tour, il nous ouvre les portes de son miroir des siècles  : une ville qui nous regarde pour ce que nous sommes.

«  Des convergences fortes  » — c’est l’expression clef à retenir du communiqué commun publié par la France et l’Italie après la rencontre éclair du 3 juin.

Pour comprendre pourquoi cet exercice diplomatique était nécessaire, il faut remonter aux sources des tensions inquiétantes qui ont agité ces dernières années les sœurs latines.

Bilan et perspectives signés Marc Lazar.

Aujourd’hui marque le cinquantième anniversaire du déclenchement de la guerre civile libanaise.

Marwan Chahine a passé 10 ans à enquêter et à récolter des témoignages sur et autour de cette date.

Avec Beyrouth, 13 avril 1975, il signe un magistral récit de narrative non fiction «  par en bas  », à la Jérémie Foa.

Depuis la chute de Bachar el-Assad, on peine à qualifier la nouvelle élite qui s’est installée au pouvoir à Damas.

La Syrie d’Al-Charaa veut rentrer dans la mondialisation — mais elle doit composer avec des villes désossées dans un pays morcelé au sein d’une région embrasée.

Selon le spécialiste du djihadisme Wassim Nasr, s’il est normal de ne pas précipiter les choses, les Européens auraient tort de ne pas profiter du momentum.

«  Ils se sont contentés de s’emparer de terres  ; nous avons conquis la population — c’est cela la vraie victoire.  »

Le nouveau maître de Damas veut être un anti-Bachar. Dans un contre-portrait où il se met en scène, il déroule une stratégie  : finir la révolution, bâtir un État.

Nous traduisons le plan d’al-Charaa pour l’avenir de la Syrie.

Même si Vladimir Poutine vient d’affirmer le contraire dans son discours annuel devant la nation, la chute d’Assad pose un problème existentiel au projet poutinien  : pour la première fois depuis des siècles, la Russie pourrait ne plus avoir accès à la Méditerranée. Au sein de l’élite qui cherche à définir les doctrines du Kremlin, Fiodor Loukianov est une voix qui porte. Dans un texte très commenté, il appelle à un changement subtil  : profiter de cet échec pour concentrer tout l’effort de guerre sur l’Ukraine.